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Chose regrettable, il n’existe pas encore en Europe de croisières ou de stationnemens maritimes organisés dans une vue sanitaire. Il faut espérer que l’Europe occidentale ne tardera pas à prendre exemple sur l’Amérique. Il existe, aux États-Unis, — à l’usage surtout des enfans, — ce qu’on appelle des hôpitaux flottans (floating hospitals), installés sans luxe, il est vrai, mais avec le réel souci du confort hygiénique et des exigences sanitaires. Au surplus, si les malades vont à la mer, ce n’est pas à seule fin de bénéficier du climat ; ils y profitent encore de la force assainissante des bains de mer.

Ce n’est pas ici le lieu de définir l’importance et le mode d’action des bains de mer ; il serait trop long de parler du traitement par l’eau froide en général, des bains de rivière, des voyages fluviaux, des bains de boue ou de sable, enfin des eaux médicinales (minérales, thermales, etc.). Il importe cependant de dire quelques mots d’une récente et très curieuse acquisition de la physiothérapie, je veux parler de l’application médicale de la lumière solaire.


VI

Ainsi qu’il ressort des nombreux travaux que nous avons cités, la lumière solaire est douée de vertus antiseptiques très marquées. On a tenté d’utiliser cet agent curatif. Etant donné que la lumière diffuse ne tue les bactéries qu’avec une certaine lenteur, on s’est avisé d’augmenter son pouvoir bactéricide en la concentrant au moyen de lentilles convergentes, tout en éliminant les rayons inactifs du spectre (ultra-rouges, rouges, orangés et jaunes), dont l’accumulation d’ailleurs pourrait déterminer des brûlures.

Les expériences ont montré que la plus forte activité bactéricide appartient aux radiations violettes et bleues et que, quelque avantage que l’on ait à se servir du soleil comme source de lumière dans la photothérapie, la lumière électrique peut remplir le même office. Un médecin danois, Niels Finsen, a fondé à Copenhague le premier « Institut photothérapique. » M. Finsen s’est livré à des expériences sur les rayons de l’arc voltaïque. Il en opérait la concentration au moyen d’un appareil de son invention, constitué par un système de lentilles. D’après ses observations, l’action bactéricide de la lumière croît proportionnellement