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sous la dépendance de la radiation solaire, de l’évaporation de l’eau, et des vents. L’ozone étant doué de propriétés oxydantes et antiseptiques, on l’a considéré, sans preuves suffisantes d’ailleurs, comme la cause de la grande pureté de l’air marin.

L’air des côtes maritimes contient du chlorure de sodium ; il provient de la pulvérisation de l’eau de mer due au brisement des vagues (E. Friedrich).

L’air marin renferme-t-il de l’iode et du brome ? C’est là une question litigieuse ; en tout cas la proportion de ces élémens y est insignifiante. L’odeur sui generis de la mer semble due non pas à l’iode, mais plutôt au chlorure de magnésium, corps facilement décomposable.

L’influence tempérante de la mer, la douceur relative du climat maritime, se manifestent dans la végétation des côtes : celle-ci est comparativement plus riche et plus variée que sur le continent aux latitudes correspondantes. On voit sur le littoral végéter en pleine terre des plantes que la position géographique semblerait devoir exclure. C’est ainsi que des plantes des tropiques prospèrent sur la côte méridionale de l’île de Wight, grâce à l’influence du Gulfstream ; pour la même raison, dans certaines localités riveraines de la mer du Nord même, telles que Norderney et Föhr, le châtaignier et la vigne croissent en plein air, et les raisins y arrivent à maturité.

L’utilité de la thérapeutique aérienne se manifeste encore dans l’heureuse influence exercée sur la santé par une navigation maritime prolongée ou par un stationnement en pleine mer.

Il a été démontré par de nombreuses observations (J.-B. et F. Williams, C. Faber, Lindsay, Belfast, Doyle, etc.) qu’un voyage prolongé sur mer agit favorablement dans les cas de dépression générale de la nutrition ; de même pour certaines formes de la neurasthénie issue de surmenage intellectuel ; et enfin dans certains cas plus graves, tels que la phtisie pulmonaire au premier degré. Les stationnemens maritimes sanitaires, lorsqu’ils sont organisés sur des bâtimens parfaitement appropriés, présentent sur les croisières l’avantage d’exclure presque entièrement le mal de mer. D’après la statistique de MM. Williams, les cas de phtisie pulmonaire à son début (sans fièvre ni dérangemens gastriques) donnent, sous l’influence d’une navigation maritime prolongée, une proportion d’améliorations assez forte : plus de 80 pour 100.