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l’anathème sur les médecins, nient la chirurgie et contestent l’efficacité de certaines méthodes de traitement des plus utiles, telles que la gymnastique, le massage, l’emploi des eaux minérales. Quant aux médicamens, il va sans dire qu’ils s’en passent ; l’eau, l’air, la diète, quelques herbes parfois, voilà leurs moyens et, horribile dictu, non seulement ils acquièrent de nombreux cliens, mais ils peuvent se vanter de résultats heureux.

Le curé Kneipp, comme on sait, voyait accourir chez lui, en son village de Bavière, des multitudes de malades, et c’est par milliers qu’il pouvait compter ceux qu’il renvoyait sinon toujours guéris, du moins très fréquemment améliorés.

Quel était donc le secret de ce guérisseur dont la Renommée aux cent bouches a répandu le nom dans l’Europe entière ? A quoi sont dus les succès de ses émules ? Le traitement de Kneipp consiste en une sévère réglementation du mode de vie des patiens, en leur accoutumance à l’air, à l’eau froide et à la continence ; d’après cela, on n’a pas de peine à s’expliquer ses succès. Toutes les soi-disant nouvelles méthodes d’application de l’eau froide (Kneipp appelait la méthode hydrothérapique qu’il employait « sa méthode »), la fameuse déambulation a pieds nus sur l’herbe humide, les siestes, à l’air libre, à l’état de nudité, et les autres procédés de ce genre, constituant l’alpha et l’oméga du traitement des Naturärzte, tout cela n’est autre chose que l’aguerrissement du corps, recommandé de longue date par la médecine scientifique, et qui rentre plutôt dans le domaine de l’hygiène que dans celui de la thérapeutique proprement dite.

Il est superflu d’entrer dans l’appréciation détaillée de la manière de faire des Kneipp, des Lamann et autres guérisseurs de cette école. C’est un fait de bon augure, que l’esprit du temps exerce son heureuse influence même sur les ignorans exploiteurs de la médecine et du public souffrant, car les prétendus adversaires de la science en sont venus, eux aussi, à reconnaître dans l’hygiène et dans la diététique, dans l’action de l’air et de l’eau, une base solide de médication !


V

Après l’empirisme, il faut voir maintenant comment la médecine scientifique utilise les nombreux moyens que la nature met à sa disposition.