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thermiques, intervient donc encore en purifiant l’atmosphère : il disperse, il dilue les différentes impuretés et affaiblit ainsi leur action nocive ; et c’est encore le vent qui constitue le facteur principal de la ventilation naturelle de nos habitations.

Il faudrait, pour être complet, signaler encore les influences physiologiques exercées par les courans de l’atmosphère, l’électricité atmosphérique, et, particulièrement, l’action assainissante de l’ozone.


III

Suivant l’heureuse expression d’un hygiéniste français, M. Arnould, le sol est le réservoir de la vie ; il constitue un réceptacle immense d’eau, de calorique et de substances nécessaires aux végétaux, facteurs sans lesquels le monde animal ne pourrait exister. Mais ce n’est pas en cela seulement que consiste l’importance biologique du sol ; la terre, au regard de l’hygiène, est le siège d’une grande puissance assainissante.

Le sol, dit le professeur Rubner, est affecté par la nature au rôle de réceptacle pour tous les déchets organiques, conformément aux plus strictes exigences de l’hygiène. Et de fait, on ne saurait mettre en doute que la destruction des matières organiques susceptibles de putréfaction s’y opère de la façon la plus parfaite, et, dans de certaines limites, de la façon la plus inoffensive.

Cependant le public instruit est loin de se rendre compte du rôle assainissant de la terre. Tout au contraire, on est accoutumé à considérer le sol comme un foyer de miasmes et de principes délétères de toute sorte. On ignore que, dans ce foyer, il s’opère un incessant travail qui paralyse les principes morbides, et qui, en même temps, élabore les alimens des végétaux. Ainsi se referme, en quelque sorte, le circulus de la vie organique. Les villes, dont le sol reçoit une incroyable quantité d’immondices de tout genre, de substances décomposables et putréfiables, de micro-organismes pathogènes, fournissent la preuve de ce grand travail d’assainissement qui se poursuit dans les ténèbres du laboratoire hygiénique souterrain. De fait, si le sol n’était pas le siège de ces processus salutaires, l’homme deviendrait la proie d’un nombre infini de maladies ; et, peut-être, la mortalité s’élevant dans des proportions correspondantes, conduirait-elle à une rapide dépopulation de nos cités et à leur fatal abandon.