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II

L’air est le second facteur de la santé. C’est un fait connu de tous, c’est une vérité élémentaire, que sans air il n’est ni santé ni vie. Déjà au XVIIe siècle (en 1678), F. Agravi définissait le rôle de l’air atmosphérique dans ces termes : « Un air pur est utile à la santé ; il donne au corps la souplesse et la force, à l’âme de joyeuses dispositions, aux sens une réceptivité affinée ; par lui le caractère se perfectionne, les pensées s’élèvent, l’esprit se développe, et le goût et l’amour de toute activité naturelle nous sont donnés ; le sang circule plus animé, la visage offre un aspect florissant et vivant ; la poitrine comprimée du travailleur se dilate plus librement, la voix résonne claire et harmonieuse, la dyspnée disparaît, l’œil, — cette perle du visage, — devient plus clair, l’odorat et le goût s’aiguisent ; en un mot, l’air, ce centre d’attraction de toutes les créatures vivantes, impressionnables ou non, l’air est un immense bienfait. » Ce style, un peu ampoulé, sans doute, recouvre néanmoins beaucoup de vérité. Il faut maintenant insister sur le rôle assainissant de l’air.

Et tout d’abord, la constance de composition de l’atmosphère démontre surabondamment que la nature dispose de moyens appropriés non seulement pour la formation d’oxygène mais aussi pour l’élimination de l’acide carbonique. Effectivement les réserves en oxygène de la nature seraient vite épuisées, n’était la constante régénération de cet élément.

L’illustre chimiste Faraday a cherché à évaluer approximativement la quantité totale de l’oxygène contenue dans l’atmosphère, et il est arrivé au chiffre prodigieux de 1 178 158 milliards de tonnes. D’autre part, la dépense quotidienne en oxygène est de 3 600 000 tonnes qui se répartissent comme suit :

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Respiration humaine 450 000 000 kilos.
Respiration animale 900 000 000 —
Combustions et fermentations 450 000 000 —
Phénomènes de putréfaction, etc. 1 800 000 000 —

Soit, au total, par jour : 3 600 000 tonnes, ou encore un milliard trois cent quatorze millions de tonnes par an. Avec un tel état de dépenses, les réserves oxygénées du globe se trouveraient épuisées en l’espace de 900 000 ans. Mais si l’on prend en considération