Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/904

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La botanique enseigne longuement l’influence considérable de la lumière sur les échanges gazeux, sur la fonction chlorophyllienne, sur la vie et l’accroissement des végétaux.

Pour en revenir aux animaux, on sait, par exemple, que leur croissance et leur nutrition se trouvent déprimées à l’obscurité ; — Plésanton a trouvé, entre autres faits, que les porcs et les bœufs croissent plus rapidement à la lumière violette qu’à la lumière blanche. Il se produit quelque chose d’analogue chez l’homme. Un savant danois, Mailing Hansen, a constaté que la croissance des enfans est plus rapide aux époques de l’année où la lumière et la chaleur sont plus intenses, et Demme a trouvé, chez les enfans encore, que la lumière solaire accélère les échanges nutritifs : l’émission d’acide carbonique est plus forte, la température du sang s’élève et la quantité de matière colorante y augmente.

A. de Humboldt, dans le même ordre d’idées, avait remarqué que les vices de conformation sont inconnus chez les sauvages auxquels un climat tropical permet de se passer de vêtemens et qui vivent au soleil. D’autre part, personne n’ignore que les êtres humains condamnés à vivre dans les caves ou à travailler dans les mines souffrent d’anémie et de cachexie, pour ne pas parler des défauts de conformation et des maladies qui sont leur constant partage.


La nature a réuni la lumière et la chaleur, ces puissans moteurs de la vie, par des liens si étroits, que nous avons quelque peine à distinguer entre ces deux agens physiques ; l’observation de tous les jours semble nous montrer, cependant, que la lumière est douée d’une action propre par rapport aux organismes vivans.

Alphonse de Candolle a démontré par des expériences directes que de deux graines plantées le même jour et soumises à des conditions d’éclairement différentes, celle qui reçoit la lumière solaire directe exige pour son développement et la maturation de ses fruits une moindre quantité de chaleur.

L’intensité plus grande de la lumière est un des facteurs qui peuvent expliquer la rapidité de la croissance et la vive coloration des fleurs chez beaucoup de plantes alpines.

Très suggestives sont les récentes observations de John Clayton, qui s’est livré à des cultures de haricots dans des conditions d’éclairement variées, et a pu constater que le défaut d’éclairement