Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/900

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES FORCES ASSAINISSANTES ET CURATIVES
DANS LA NATURE

Dès l’antiquité la plus reculée, la médecine savante ou populaire s’est efforcée à découvrir dans la nature de nouvelles forces curatives ou médicatrices. Pendant longtemps, l’insuffisance des connaissances positives a rendu ces efforts stériles. L’ignorance à cet égard a duré jusqu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle et à l’aurore même du siècle présent. La biologie générale et la science de la santé humaine en particulier, malgré le développement de la critique scientifique sur d’autres points, étaient restées le domaine de l’hypothétique, du fantastique et du merveilleux.

Le scepticisme et l’incrédulité, introduits dans la pensée moderne par Voltaire, Diderot et les philosophes du XVIIIe siècle, n’ont été vraiment qu’une faible entrave à la floraison des doctrines de Swedenborg et de Mesmer et aux succès de Gassner, Cagliostro et des thaumaturges dont les cures miraculeuses procédaient de pratiques secrètes, de rites pseudo-religieux, de passes et d’incantations magnétiques. Ce n’est qu’avec notre siècle que l’étude naturelle de l’homme et du monde est entrée dans la voie de l’analyse scientifique, sévère et exacte. Trois sortes de progrès ont, à notre époque, affirmé cette saine méthode.

Grâce aux conquêtes de la physiologie, et grâce à la manière rigoureusement objective dont elles ont été appliquées par Charcot et son école, à l’étude du système nerveux de l’homme, le voile derrière lequel se dérobaient quelques-uns de ces mystères s’est entr’ouvert et l’étude du « magnétisme animal » et de l’hypnotisme, sortant des limbes de l’hypothèse et du merveilleux, est venue prendre dans la famille des sciences de la nature la place qui lui convient.