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boutiques de change, banques, banques de traites. Ces dernières se trouvent surtout à Péking, où elles ont été fondées depuis quelques dizaines d’années par des hommes du Chan si, la province où se recrute surtout l’armée de la banque chinoise ; elles ont pour unique industrie le commerce des traites pour toute la Chine et pour quelques-unes de ses dépendances. Elles n’en ont pas le monopole, puisque plusieurs grandes banques générales et les commerçans les plus importans faisaient déjà les mêmes opérations ; mais elles ont régularisé cette branche de la banque, l’ont étendue à un plus grand nombre de localités et ont presque complètement supprimé les transports d’argent en nature dans la Chine propre. Leur chiffre d’affaires, considérable, leur permet d’apporter dans leurs transactions beaucoup de largeur de vues et de traiter leurs cliens avec magnificence. Les changeurs, dans un cercle d’opérations restreint, font des affaires plus variées : sur le change de l’argent en sapèques et sur l’opération inverse, ils prennent en général 2 pour 100, qui ne sont pas calculés, mais pesés en ajoutant dans l’un ou l’autre plateau de légers poids additionnels. Ils émettent des billets, sans aucune surveillance, comme je l’ai dit, et prêtent, à 2 pour 100 par mois en temps normal, — l’encaisse qui doit garantir ces billets, faisant ainsi double bénéfice, — mais s’exposant à ne pouvoir rembourser à vue ; aussi est-il bon de ne pas conserver longtemps des billets de banque. En province, une maison n’accepte d’habitude que ses propres billets ; à Péking, quelques signatures connues sont reçues partout, après examen d’un expert, qui appose son sceau sur le billet déclaré bon, touche une rétribution pour chaque vérification et est pécuniairement responsable de ses erreurs. Un bénéfice moins honnête est réalisé par l’achat des petites sapèques, c’est-à-dire de pièces fausses que l’on mélange dans les ligatures de sapèques officielles ; on en tolère 5 ou 6 sur 100. Si, d’ailleurs, le client se plaint, le changeur feint l’ignorance et rend de la bonne monnaie en place de la mauvaise. Les grandes banques s’interdisent de tels profits, mais, bien que maîtresses de la corporation, elles ferment les yeux sur ces pratiques des changeurs. Au change, à l’émission, elles joignent les prêts garantis par caution, par dépôt de titres fonciers et sur lesquels elles ne prennent souvent que 1 ou 1 et demi pour 100 par mois ; 1 pour 100 est le taux habituel pour les emprunts des administrations ; en temps de crise, le taux monte jusqu’à 10 pour 100 par mois. Enfin les