le prix, discuté au début de l’hiver, ne lie pas les membres. Les pharmaciens n’ont pas de cours de la corporation. Dans presque toutes les branches du commerce, toutes les maisons l’ont partie de la corporation sur un pied de quasi-égalité ; sans doute les grandes banques l’emportent toujours sur les changeurs, mais il n’y a pas de dissimilitude d’affaires ni de situation. Pour le commerce des thés, il en est autrement ; il existe à Péking deux ou trois magasins d’importation, tenus par les familles Fang et Oou du ‘An hoei ; seuls ils fixent les prix, déterminent l’équivalence des poids (la livre, pour le thé, est de 4 onces au lieu de 16) et conduisent la corporation ; en effet, les patrons des boutiques de vente emploient tout leur capital à payer une devanture dorée et sculptée qui vaut parfois deux mille ou trois mille taëls[1] ; les marchandises leur sont prêtées par l’un ou l’autre des importateurs, auquel la devanture sert de gage ; ainsi toute la corporation est dans la main des Fang et des Oou. C’est là une situation spéciale et qui n’a pas d’analogue, même pour les autres commerces d’importation de produits méridionaux, tels que la soie ou le riz. Si le commerce, y compris celui de la librairie et de la pharmacie, est presque indépendant de toute action officielle, cependant les maisons d’équarrissage, les seules où l’on abatte bœufs, chevaux, chameaux, doivent être autorisées par le gouvernement. Il n’en existe que cinq à Péking : peut-être y a-t-il à cela un motif religieux, le gros bétail étant réservé aux sacrifices impériaux ; de plus, à diverses époques, il a été interdit de donner la mort aux animaux et, encore aujourd’hui, en cas de sécheresse, la fermeture des abattoirs est ordonnée à titre de pénitence publique.
Les monts-de-piété ont également besoin d’une autorisation officielle, ils paient des droits sur leurs opérations aux autorités locales et ils sont classés en trois catégories suivant l’importance de leurs affaires. L’intervention de l’administration peut s’expliquer ici par diverses considérations. Les monts-de-piété de la première classe reçoivent en dépôt des autorités locales une somme variant de deux mille à dix mille taëls[2] sur laquelle ils paient des intérêts ; en augmentant leur capital et leur permettant d’étendre leurs affaires, l’administration, toujours demeurée paternelle dans son langage et même dans ses actes, pense faire œuvre de philanthropie et venir en aide à la population. Le mont-de-piété,