Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/842

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ensemble divers objets spéciaux, même quand elles absorbent l’activité matérielle des associés, elles n’absorbent pas leur personnalité juridique, qui n’y est jamais épuisée. Les groupemens modernes, n’enveloppant plus les individualités, mais protégeant les intérêts, peuvent devenir compatibles avec la liberté, à la condition que l’on défende les individus contre tout compelle intrare, que la porte de sortie leur reste toujours ouverte et que leurs mises pécuniaires ne demeurent pas absorbées dans la masse sans reprise possible de leur part. La législation a ici beaucoup à organiser.


V

Outre la vis medicatrix qui appartient spontanément à la société humaine comme à la nature, l’intervention volontaire des individus et de l’Etat doit contribuer à diminuer les maux. C’est ce qui a lieu en France. Toutes les institutions charitables de prévoyance et d’épargne se multiplient, et leur fonctionnement se simplifie de jour en jour. Les sociétés de secours mutuels ont dépassé aujourd’hui le nombre de 10 000, comprenant 1 million et demi d’adhérens, possédant 235 millions et servant 32 705 pensions de retraite. Les fondations patronales sont devenues innombrables ; la plupart des patrons ont compris la nécessité de donner à l’ouvrier, par des caisses de secours et de retraites, par l’éducation, par le plaisir même, plus de satisfaction dans le présent et plus de sécurité dans l’avenir. L’étude de toutes les questions qui intéressent l’ouvrier a été stimulée et facilitée à Paris par la création de l’Office du travail. Lyon a ouvert une « école de la charité, où chaque génération vient puiser des notions précises sur les moyens de faire le bien ; » le jeune homme qui, dans l’administration des hospices, a reçu à vingt-cinq ans « l’empreinte du malade et du pauvre, » est prêt à s’enrôler dans une des nombreuses œuvres privées. Ainsi a été fondé le « Dispensaire général, » qui permet chaque année le traitement de 8 000 malades à domicile. Ajoutez l’Hospitalité de nuit, Imites les œuvres pour les malades, pour les femmes en couches, les convalescens, les incurables, les enfans, les orphelins, les jeunes gens, les vieillards. La Société d’Enseignement professionnel du Rhône compte plus de 180 cours et plus de 6 000 élèves ; elle en a reçu plus de 120 000 depuis l’origine ; elle a