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RICHELIEU REBELLE

DU TRAITÉ D’ANGOULËME À LA BATAILLE
DES PONTS-DE-CÉ (1619-1620)

II[1]
LA BATAILLE DES PONTS-DE-CÉ
(1619-1620)

À Angers, Richelieu était, plus que jamais, maître de la place. En septembre 1619, il avait fait enlever la charge de Secrétaire des commandemens et finances de la Reine-Mère, à M. de Villesavin, qu’il considérait comme un adversaire caché, et lui avait substitué le plus ancien et le plus sûr de ses amis personnels, Claude Bouthillier, c’est-à-dire qu’il avait mis la main sur toutes les affaires privées de Marie de Médicis. Un autre de ses amis, Marillac, qui était, en quelque sorte, son homme de confiance pour les choses de la guerre, avait été nommé intendant de la justice en Anjou, prenant ainsi la direction de l’autorité judiciaire et de la police dans la région.

L’évêque avait pu craindre un instant que le plus dangereux, peut-être, de ses concurrens auprès de la Reine-Mère ne revint près d’elle : c’était ce Barbin qui avait tant contribué aux débuts de sa carrière. Malgré l’éloignement et la prison qui avaient suivi, pour Barbin, la mort du maréchal d’Ancre, il était resté en relations constantes avec son ancienne maîtresse. À l’occasion de l’accord d’Angoulême, la Reine avait demandé sa mise en liberté. À force d’instances, elle l’avait obtenue. Mais il avait été décidé aussi qu’il quitterait immédiatement la France. En somme, il était condamné à l’exil, sans jugement.

  1. Voyez la Revue du 1er juin.