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particule figurée ne peut entrer en eux, ni en sortir. On pourrait dire qu’ils boivent et ne mangent pas.

Une seule espèce d’élémens fait exception à ces deux règles fondamentales. Ce sont les globules blancs du sang, ou leucocytes. Ils n’ont pas de place fixe et déterminée dans l’organisme. Non seulement ils sont entraînés passivement par le flot sanguin dans une perpétuelle circulation, côte à côte avec les globules rouges, mais, outre ce transport qu’ils subissent, ils possèdent encore une mobilité propre. ils peuvent nager dans le courant qui les entraîne, se fixer aux parois et cheminer par une sorte de reptation qui a reçu le nom de mouvement amiboïde. On voit, d’après cela, que les leucocytes dérogent de diverses façons à la règle de la fixité des élémens anatomiques.

Ils ne dérogent pas moins à la seconde loi, d’après laquelle les cellules vivantes ne peuvent mettre en œuvre que des matériaux préalablement liquéfiés. Tous les corps solides qui passent à la portée du leucocyte sont saisis et incorporés, à la condition qu’ils soient assez petits ou assez inertes pour se laisser englober. La nature de la proie importe peu ; qu’elle soit avantageuse ou non, que ce soit une poussière venue du dehors, un débris intra-organique, quelque fragment de cellule voisine, ou même une cellule entière affaiblie et dégénérée, le traitement qu’elle subit est le même. Elle est enveloppée, enclavée bientôt dans la masse du leucocyte et soumise à l’action dissolvante de ses sucs.

Quant aux circonstances qui ont amené le conflit, elles peuvent être de deux sortes. Ou bien c’est le hasard qui a produit la rencontre, ou bien elle est le résultat d’une attraction particulière qui s’est fait sentir au leucocyte et l’a dirigé vers sa proie. Ces attractions qui dirigent les mouvemens des cellules sont appelées tactismes par les biologistes si elles provoquent un déplacement de totalité du leucocyte, et tropismes lorsqu’elles déterminent seulement le déplacement de quelque partie, la production d’une saillie, d’un simple prolongement sur un point de la surface. Les mots barbares de phototactisme, galvanotactisme, héliotropisme, qui émaillent les publications biologiques expriment que la cellule vivante est mise en mouvement par la lumière, par le courant électrique, déformée par le soleil : et si l’on ajoute à ces noms les qualifications de positif ou de négatif, cela signifie que le mouvement est de rapprochement dans le premier cas, et dans le second cas d’éloignement de la source d’excitation. S’il s’agit en particulier