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le leur présenterait, s’ils l’avaient pour agréable. Le Brun répondit qu’il serait toujours enchanté de recevoir M. Fox ; mais Cambacérès ne se contenta pas de cette réparation tardive. Une lettre assez longue fit savoir à M. Merry que M. Fox, en différant ainsi sa présentation, avait témoigné suffisamment qu’il ne se souciait pas extrêmement de voir le Second Consul et que, par conséquent, celui-ci ne pouvait pas non plus mettre un très grand prix à sa visite ; que, cependant, Cambacérès recevrait M. Fox lorsqu’il se présenterait, mais à la condition que ce serait sans aucune cérémonie particulière et en homme déjà admis dans sa société. Cela s’est en effet passé de cette manière, et voilà comment ce grand différend s’est accommodé de couronne à couronne, sans qu’aucun parti ait rien perdu de sa dignité.

Les gazettes ont beaucoup parlé de l’enterrement de Mlle Chameroy et il nous reste peu de chose à en dire. Voici pourtant un mot assez plaisant que l’on attribue à Dazincourt. Un de ses amis blâmait en sa présence la conduite du curé de Saint-Roch : « Il a d’autant plus de torts, dit Dazincourt, que, huit jours auparavant, nous lui avions prêté le dais de Charles IX pour faire une procession dans son église, mais qu’il vienne nous le redemander ! » On crie publiquement au Palais-Royal, sous le nom d’Andrieux, de l’Institut, une satire intitulée : Saint-Roch et Saint-Thomas, où le curé de Saint-Roch est fort maltraité, et où d’ailleurs tous les partis reçoivent leur petit coup de patte.


Paris, le 16 novembre 1802.

M. de la Tour du Pin, ancien archevêque d’Auch et actuellement successeur de M. de Noë à l’évêché de Troyes, a eu dernièrement avec le Premier Consul une conversation digne d’un ministre évangélique. Il lui avait été présenté avec M. de Fontanges, nommé depuis peu à l’évêché d’Autun. Bonaparte leur fit, à l’un et à l’autre, l’accueil le plus distingué, les félicita d’avoir obéi à la voix de l’Église et à celle de la Patrie, et les combla de témoignages d’estime et d’intérêt. « Général, lui répondit M. de la Tour du Pin, nous avons longtemps hésité avant de nous rendre ; nous avons longtemps douté que ce fût effectivement la voix de l’Église qui nous appelât à de nouvelles fonctions ; et, à présent même que nous les avons acceptées, malgré nos répugnances, ce n’est pas sans frayeur et sans un cœur serré de douleur que nous nous voyons engagés dans une route si incertaine