Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/562

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Empereur d’Autriche cède ses droits sur la Lombardie à l’Empereur des Français, qui, selon le vœu des populations, les remet au roi de Sardaigne. La Vénétie fera partie de la Confédération italienne tout en restant sous la couronne de l’empereur d’Autriche. Les deux Souverains feront tous leurs efforts, excepté le recours aux armes, pour que les ducs de Toscane et de Modène rentrent dans leurs États en donnant une amnistie générale et une Constitution. — Les deux Souverains demanderont au Saint-Père d’introduire dans ses États des réformes salutaires et de séparer administrativement les Légations du reste des États de l’Église. — Amnistie pleine et entière est accordée de part et d’autre aux personnes compromises à l’occasion des derniers événemens dans les territoires des parties belligérantes. — Fait à Villafranca, le 11 juillet 1859. » Ensuite, l’Empereur se mit à sa table et écrivit la lettre suivante : « Monsieur mon Frère, J’ai bien réfléchi aux propositions que Votre Majesté m’a faites dans l’entrevue de ce matin, et je suis décidé à les accepter. J’en envoie la rédaction à Votre Majesté, ainsi qu’elle est restée dans mes souvenirs. Je charge mon cousin, le prince Napoléon, de vous porter cette lettre et ce projet de préliminaires. Il est autorisé à en discuter les termes avec Votre Majesté, et à y apporter les modifications de détail qui pourraient résulter de cette discussion ainsi qu’à donner à Votre Majesté tous les développemens et éclaircissemens nécessaires aux points stipulés. »


V

Le prince Napoléon commanda au général Fleury une voiture et des chevaux de poste, avec un courrier de la Maison de l’Empereur, et à deux heures et demie, il se mit en route, accompagné de son aide de camp, le commandant Ragon[1].

Aux avant-postes ennemis, formés par un régiment hongrois, un officier l’arrête, mais, le reconnaissant, lui dit avec civilité, en allemand, qu’il ne croyait pas nécessaire de le faire escorter, et qu’il était libre de continuer sa route seul. Par une chaleur écrasante et des nuages de poussière, il arrive à la porte de Vérone à quatre heures et quart. Des soldats bohèmes reçoivent l’ordre de diriger sa voiture jusqu’au palais de l’Empereur ; un quart d’heure

  1. Je fais ce récit d’après le journal et les conversations du prince Napoléon, Ce que Nicomède Bianchi en a raconté partiellement lui a été communiqué par moi.