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Sardaigne ; — 2° Modène et la Vénétie érigées en États indépendans sous un archiduc ; — 3° les Légations organisées en royauté laïque ; — 4° la Toscane, soit à la grande-duchesse de Parme, soit au grand-duc héritier ; — 5° une confédération de tous les États italiens sans exception ; — 6° un congrès pour réorganiser l’Italie d’après les principes ci-dessus et en tenant compte des droits acquis et des vœux des populations. Il chargea en outre Walewski de communiquer confidentiellement à Berlin et à Pétersbourg ces bases de négociation. À Berlin, Moustier devait même demander au Prince régent d’insister par télégraphe auprès de François-Joseph pour qu’il acceptât les conditions qui seules pourraient assurer le rétablissement de la paix.

Le ministère Derby eût trouvé ces conditions excessives : la Sardaigne, aurait-il répondu, comme son ambassadeur Cowley, ne mérite rien, rien que la réprobation de l’Europe, car c’est elle qui a été la cause de la guerre. Au contraire, Palmerston et Russell les estimèrent insuffisantes : ce n’était pas la peine d’avoir ébranlé l’Europe, d’être descendu en Italie avec tant de fracas et d’y laisser l’Autriche presque aussi puissante qu’auparavant ; toute paix qui n’aboutirait pas à une expulsion totale ne serait qu’une trêve. « Ce que l’Empereur propose, dit Palmerston, ce n’est pas l’Italie rendue à elle-même, mais l’Italie vendue à l’Autriche. » Cependant, ne voulant pas blesser son ami impérial, il consentit à transmettre les propositions à Vienne, sans les accompagner d’aucune approbation.

Instruit par le télégraphe des dispositions de Palmerston, l’Empereur comprit qu’il n’avait rien à attendre de l’intervention anglaise. Le temps pressait. Pour arrêter la Prusse au plus tôt, avant qu’elle eût accompli les pas décisifs, il résolut de demander un armistice à l’empereur François-Joseph. Pendant ce délai, il se rendrait compte de l’accueil fait à ses propositions par les cabinets de Berlin et de Pétersbourg.


II

Le 6 juillet, il avait fait une reconnaissance sur les hauteurs de Somma-Campagna et prescrit une prise d’armes générale pour le lendemain, voulant sans doute masquer ses dispositions intimes et ne pas laisser croire aux Autrichiens qu’il était aux abois. À la fin de la journée, à six heures et demie, ne s’étant confié qu’au