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l’éducation en hollande.

une ténacité, un entrain soutenu et une suite dans les idées vraiment remarquables. Leur jeune volonté a glissé sur le pays comme glisserait la nappe uniforme des eaux, si devant l’audacieuse attaque d’un nouveau Louis XIV il fallait, une fois encore, l’inonder pour le sauver.

ii

L’étudiant hollandais ne tient pas tout ce que promettait l’écolier. Le fait est patent, et tout d’abord on ne sait à qui s’en prendre. Le cadre qui l’entoure convient à merveille à la science et à l’amitié, ces deux compagnes de son âge. Quoi de plus universitaire d’aspect que Leyde, Delft ou Utrecht ? Amsterdam même[1] renferme de calmes recoins tout imprégnés de passé et très propres à l’étude. D’autre part, l’enseignement de ses professeurs ouvre devant lui un champ vaste et attrayant. Ce sont, en général, des hommes très distingués, assez bien rétribués, et qui jouissent dans le pays d’une grande considération. Leur érudition s’augmente de ce qu’ils acquièrent chaque jour par l’usage des langues étrangères. Ils n’ignorent rien de ce qu’inventent ou publient leurs collègues d’Allemagne, de France ou d’Angleterre. S’il est indifférent qu’un Pasteur sache l’allemand ou qu’un Lister parle le français, on ne saurait exagérer l’avantage que peut trouver le professeur de faculté à se tenir directement au courant des progrès accomplis, non point seulement dans l’ordre de connaissances qu’il représente, mais dans toutes les branches de savoir. C’est là un cosmopolitisme vrai et sain qui accroît singulièrement la valeur de l’enseignement que reçoit l’étudiant hollandais. Par malheur, cet enseignement est pour lui facultatif ; il n’est pas forcé de le suivre. L’assistance aux cours ne lui est pas imposée. Rien n’évoque devant ses yeux le fantôme déplaisant, mais salutaire, de l’examen. On le laisse libre d’une liberté absolue. Aussi est-il de règle que, la première année au moins, il en abuse. L’opinion n’y fait point d’objections ; ses parens mêmes ne lui en tiennent pas rigueur, bien qu’à Leyde, par exemple, ou à Utrecht, il en coûte à leur bourse. Chose plus étrange encore, les professeurs dont il néglige les

  1. Comme je l’ai dit plus haut, j’assimile, dans cette étude, l’École polytechnique de Delft aux universités. Mais je laisse de côté, dans mes appréciations et mes jugemens, l’université de Groningue, que je n’ai pas visitée. Elle paraît d’ailleurs différer assez peu des trois autres.