Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps d’origine. Un certain nombre d’officiers resteraient en excédent, notre projet remplaçant les 14 régimens d’infanterie de marine actuels (43 bataillons) par 19 bataillons coloniaux; mais ce nombre serait très restreint puisque la plus grande partie de ces officiers trouveraient des emplois de leur grade dans les nouveaux corps indigènes, ainsi que dans le 3e régiment étranger et les 8 bataillons de tirailleurs à organiser.

La reconstitution, sur ces nouvelles bases, de notre armée coloniale, reconstitution si impatiemment attendue, nous semble donc facile à réaliser. Les objections, pourtant, ne manqueront pas, à coup sûr, et nous tenons à aller tout de suite au-devant des deux plus importantes, qui viendront, l’une de l’armée de terre, l’autre de la Marine.

Les officiers de l’armée de terre se plaindront de ce que leur fusion avec les troupes de la Marine ralentira encore leur avancement, déjà si lent. Cela n’est pas douteux, les officiers de l’infanterie et de l’artillerie de marine, en raison de la mortalité à laquelle ils sont exposés, restant dans chaque grade moins longtemps que les officiers de l’armée de terre ; mais la fusion elle-même fera disparaître cette inégalité, et le mal signalé ne sera que passager ; il serait du reste facile d’y porter remède par une modification à la proportion des différens grades dans les nouvelles troupes coloniales.

De son côté, la Marine ne verra pas, sans récriminations, disparaître les troupes qui lui sont directement subordonnées; elle invoquera la défense des arsenaux et des points d’appui de la flotte, ainsi que la construction de ses canons.

La défense des côtes, d’après les erremens actuels, incombant au ministère de la Guerre, ce département pourvoira aussi bien à la défense des ports de guerre qu’à celle des ports de commerce ; quant aux points d’appui de la flotte, les chefs militaires des colonies en auront la charge, et ce n’est pas parce qu’ils relèveront d’un ministère plutôt que d’un autre, qu’ils rempliront moins consciencieusement leur importante mission. Reste la question du matériel d’artillerie de la flotte.

Mais est-ce que celle-ci ne fait pas fabriquer ses poudres par le corps des ingénieurs des poudres et salpêtres, qui dépend du ministère de la Guerre? Ne pourrait-elle faire de même pour ses canons, qui seraient construits sous la direction d’officiers d’artillerie rétribués par les fonds de la Guerre? Il nous semble que ces