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la répression d’insurrections. Les troupes d’Algérie à qui conviendrait le mieux ce rôle de réserve générale sont les légionnaires, les disciplinaires et les tirailleurs. Les légionnaires surtout sont d’admirables soldats pour les expéditions coloniales, et le nombre des étrangers et des Français qui veulent prendre place dans leurs rangs grossit tous les jours: les deux régimens qui existent ont d’énormes effectifs; il serait aisé de les remanier, d’augmenter un peu le nombre des enrôlemens et de constituer trois régimens étrangers à 4 bataillons chacun, ce qui permettrait d’entretenir 6 bataillons de ces troupes aux colonies.

Les tirailleurs algériens seraient plus particulièrement affectés à nos possessions d’Afrique, où se retrouvent la religion et les mœurs musulmanes. Les huit bataillons (2 pour chaque régiment) dont le ministre de la Guerre vient de demander la formation, pourraient être consacrés à ce service colonial, à raison d’un bataillon sur deux; les 4 bataillons laissés en Algérie, pour assurer la relève, renforceraient, comme l’a prévu le ministre, la garnison de nos côtes méditerranéennes, ainsi, du reste, que le troisième régiment étranger à créer. Bizerte, soit dit en passant, est tout indiqué pour recevoir ce dernier corps. Nos escadrons indigènes du Sénégal et du Soudan continuaient à recevoir leurs cadres des régimens de spahis.

Pour terminer, dans ses lignes essentielles, l’esquisse de ce projet d’organisation d’armée coloniale, il nous reste à traiter les questions relatives aux officiers.

Un des principaux avantages du rattachement à la Guerre est d’assurer, à un plus grand nombre d’officiers que par le passé, le bénéfice de la vie de campagne, en leur donnant ainsi l’occasion de compléter leurs connaissances professionnelles et de développer surtout leur sang-froid et leur énergie. Mais il faut que ce bénéfice s’étende à l’armée tout entière et, pour cela, que ces officiers ne s’éternisent pas dans le service colonial, un séjour trop prolongé aux colonies compromettant la santé des plus robustes et leur faisant oublier les principes qui président à la guerre en pays civilisé.

Nous voudrions que les officiers, entrés dans les troupes coloniales, sur leur demande, en qualité de lieutenant, quittassent ces troupes au plus tard au moment de leur promotion au grade de lieutenant-colonel. Pour l’avancement, tant au choix qu’à l’ancienneté, ils concourraient avec ceux de leurs camarades restés