Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au recrutement d’un bataillon de 5 compagnies (dont une de dépôt), et de deux batteries; on obtiendrait ainsi 19 bataillons et 40 batteries[1], pouvant fournir et alimenter outre mer les 9 bataillons et demi et les 20 batteries nécessaires, avec les indigènes et quelques élémens des troupes d’Afrique, à la garde de nos colonies. La presque totalité des hommes de troupe de ces bataillons et de ces batteries seraient des volontaires provenant des corps de la région correspondante, et attirés dans l’armée coloniale autant par les avantages à eux concédés en vertu de la loi du 30 juillet 1893 que par le désir d’une vie plus mouvementée que celle des paisibles garnisons de France. La nécessité de donner des cadres aux corps indigènes et l’obligation de prendre ces cadres dans les troupes coloniales métropolitaines donneraient, à la grande majorité des hommes admis dans les bataillons coloniaux, la certitude de devenir sous-officiers, ce qui augmenterait les avantages matériels de leur position ; il serait bon, en outre, que le ministre des Colonies incitât, par des concessions, les anciens soldats parvenus à quinze ans de services, à rester dans les colonies. Ces troupes coloniales seraient complétées par des engagés volontaires et par des appelés, ces derniers sur leur demande expresse, mais seulement si ces jeunes gens présentaient toutes les garanties de vigueur et de santé indispensables pour servir aux colonies ; ces jeunes soldats recevraient, avant d’être envoyés outre-mer, l’instruction militaire dans les compagnies de dépôt. Quant aux jeunes Français habitant dans les colonies, ils accompliraient leur service militaire dans les corps stationnés le plus à proximité de leur domicile; ils y seraient ensuite affectés comme réservistes et comme territoriaux.

Les détachemens du génie, du train, des ouvriers d’administration à envoyer aux colonies sont trop peu nombreux pour en constituer des corps autonomes, comme ceux d’infanterie et ceux d’artillerie. Ces détachemens seraient formés avec des volontaires prélevés dans les corps de même arme de la métropole, et ils continueraient à compter à leurs corps d’origine, à moins que, selon les besoins, ils ne servissent de cadres à des compagnies indigènes d’armes ou de services analogues.

Nos troupes permanentes d’Algérie fourniraient à l’armée coloniale le complément nécessaire à de nouvelles conquêtes ou à

  1. Quarante batteries, parce que nous avons vingt brigades d’artillerie sur le continent, indépendamment des batteries spéciales à l’Algérie.