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troupes qui ne marchent que par compagnies, tout au plus par bataillons, et dont les diverses unités sont fort éloignées les unes des autres? Pourquoi entretenir, dans l’armée coloniale, ces colonels d’artillerie et d’infanterie, ces généraux de brigade et de division dont les aptitudes spéciales n’ont pas d’emploi en France, où ils n’ont à exercer que des commandemens infimes, tandis qu’aux colonies, on ne leur confie presque toujours que des fonctions inférieures à leur grade, soit par les effectifs mis sous leurs ordres, soit par l’objectif qui leur est assigné.

Nous pourrions ajouter que, parfois, les grades élevés des commandans militaires aux colonies leur créent des situations difficiles vis-à-vis de gouverneurs qui n’ont pas même sur eux la supériorité de l’âge.

Toutes ces considérations d’ordres divers conduisent à une même conclusion : la conviction que le rattachement des troupes coloniales à la Guerre et la suppression de l’état-major spécial à ces troupes sont les deux mesures qui doivent servir de bases à la constitution définitive de la force armée nécessaire à notre expansion coloniale.

À notre avis, cette force doit être composée des trois élémens ci-après : 1° Elémens indigènes; 2° Élémens métropolitains; 3° Elémens algériens.

Les élémens indigènes continueraient à se recruter, comme ils le font aujourd’hui, par des engagemens volontaires contractés en conformité de dispositions propres à chaque colonie. Tous les renseignemens recueillis s’accordent à constater que, dès maintenant, nous pourrions augmenter beaucoup le nombre des soldats indigènes à notre service en Indo-Chine, à Madagascar et au Soudan; indépendamment des troupes d’infanterie organisées par bataillons, chaque bataillon recruté dans un district déterminé, ces colonies peuvent fournir à notre armée des compagnies de travailleurs, des conducteurs et des auxiliaires d’artillerie en nombre suffisant. Il serait d’une bonne politique de créer dans ces troupes quelques emplois d’officiers indigènes; mais la presque totalité des officiers et un certain nombre de sous-officiers seraient Français et, avant de passer dans les corps indigènes, auraient fait, dans les corps métropolitains, leur apprentissage de la vie coloniale.

Ces élémens métropolitains seraient en quelque sorte le trait d’union entre l’armée nationale et les troupes coloniales indigènes. En principe, chaque région de corps d’armée en France pourvoirait