Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’ARMÉE COLONIALE
LE RATTACHEMENT À LA GUERRE

Depuis quelques années, de nombreux projets de loi ont été soumis aux Chambres, les uns dus à l’initiative gouvernementale, les autres à l’initiative parlementaire, tous ayant pour objet l’organisation d’une armée coloniale. Quoique le cabinet actuel ait fait de cette organisation un des articles de son programme, et si nécessaire qu’elle soit à l’expansion de la France, nous doutons fort qu’elle puisse être prochainement réalisée.

La plupart des projets, il est vrai, au lieu de tendre essentiellement à la création d’une « armée coloniale, » semblent viser avant tout à régulariser et à fixer l’état de choses existant. Mais cet état, bien certainement, ne recevra pas de sitôt la consécration législative que réclament les auteurs de ces propositions; et, d’autre part, le budget de la Marine pour 1899 comporte une augmentation notable de l’état-major général des troupes qui, sous la trompeuse dénomination de « troupes de la Marine, » constituent à présent notre armée coloniale. Si cette augmentation est votée par les Chambres, voilà tous nos projets rejetés aux calendes grecques, et l’armée coloniale, une fois de plus, morte avant d’être née.

Qu’est-ce donc que l’armée coloniale ? N’est-ce pas l’ensemble des troupes chargées d’assurer la garde de notre empire colonial? Oui, sans doute; mais, avec les erremens actuels, et par une anomalie que l’appellation de « troupes de la Marine » permet seule d’expliquer, nos troupes coloniales sont en outre chargées de la garde de nos arsenaux maritimes. Et ce double emploi ne suffit pas; une tradition, assurément fort glorieuse, veut que les