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Un petit livre de M. Jeanvrot, conseiller à la Cour d’appel d’Angers et présentement membre du Conseil de l’ordre, a été recommandé comme un modèle, dans les derniers convens ; et M. Viguier, conseiller municipal de Paris, fit tout de suite souscrire, par le Conseil général de la Seine, 700 exemplaires de ce « véritable chef-d’œuvre[1]. » Il s’intitule Science et Religion[2] ; on y lit, entre autres détails imprévus, que « l’existence de Jésus est problématique ; » que l’inscription INRI, qui dominait la croix du calvaire, se doit interpréter : Igne natura renovatur integra ; que le monothéisme et le christianisme sont des variantes du culte solaire ; que les reliques de Sudario Christi sont des gouttes de la sueur du Christ ; que l’épître de saint Paul à Timothée est en cinq tomes, qu’ « Athénée (Minerve) a fourni saint Athanase » au Panthéon chrétien, et parmi les revues d’érudition qui se sont occupées de ce livre, aucune n’a pu partager l’enthousiasme du convent de 1895, où il fut qualifié de « magnifique travail, admirable étude scientifique, synthèse de patientes études, véritable machine de guerre anticléricale, » ni s’associer au vœu qu’entendit le convent de 1898, et qui tendait à faire du livre de M. Jeanvrot une édition à cinq sous[3].

Tantôt les brochures maçonniques portent l’effigie du Grand Orient : Ordo ab Chao, suum cuique jus ; 33 ; tantôt, vierges de tout indice, elles se prêtent mieux à la diffusion. La maçonnerie, en général, préfère le second cas. La fondation d’un journal proprement maçonnique fut toujours repoussée par les convens. Mais en 1897, au nom de la commission de propagande, M. Maréchaux constatait, « à demi-mots, » que la maçonnerie, par son influence d’ « à côté, » arrive toujours, et sans dépenses, à donner « la bonne nouvelle » à un nombre considérable de journaux locaux[4] ; et M. Duvand, en 1898, a demandé qu’une correspondance régulière fût établie entre le Grand Orient et ces journaux[5]. Il advient souvent que, dans vingt journaux radicaux en même temps, on lit le même article : c’est souvent le Grand

  1. Rapport au nom de la 5e commission du Conseil général, 1895.
  2. Société des éditions scientifiques, Paris, 1895, 2e édit. — Voir la critique piquante qu’en a faite M. Dauvergne, Religion et Science, Angers, Lachèze, 1897.
  3. B. G. O., août-sept. 1895, p. 169, et C. R. G. O., 19-24 sept. 1898, p. 269. « Admirable petit ouvrage », dit, au nom de 1’ « écossisme, » la Revue maçonnique, 1897, p. 183.
  4. C. R. G. O., 20-26 sept. 1897, p. 172.
  5. C. R. G. O., 19-24 sept. 1898, p. 289.