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suppressions. Les délégués écoutent, et sont chargés de rapporter à leurs loges des relations orales; on juge que c’est suffisant. C’est d’après les indications de la commission de propagande que le Conseil de l’ordre concerte l’emploi des fonds et les termes des circulaires d’action ; et les documens eux-mêmes qu’élabore cette commission sont, une fois sur deux, inconnus de l’armée maçonnique. Ce n’est pas tout : la commission de propagande elle-même s’est plainte, en 1898, de la mauvaise grâce que mettait le conseil de l’ordre à la renseigner sur l’emploi du fonds de réserve, et nous lisons dans le compte rendu : « Le Frère Massé : Fonds de réserve qui se monte… — Plusieurs Frères : Pas de chiffre. — Le Frère Massé : Je ne citerai pas de chiffres[1]… » On trouve toujours, dans la maçonnerie, plus silencieux que soi.

Les colonies, à leur tour, sont une sorte de terre vierge où la maçonnerie travaille fiévreusement; et voici que M. Lucipia, — un homme sûr, pourtant — interpelle le Conseil de l’ordre, au convent de 1897, sur les moyens d’action « par lesquels il combat l’influence cléricale dans les colonies; » au nom de la commission de propagande, M. Duvand s’insurge: rien ne peut être divulgué[2]. Maçons et profanes, et M. Lucipia lui-même, doivent se borner à constater qu’au début de 1898 le Conseil de l’ordre félicitait M. Doumer pour sa « bienveillance » et son « affabilité[3], » et qu’au convent de la même année ne figuraient pas moins de quatre fonctionnaires du ministère des Colonies.

Il y a enfin, dans le budget du Grand Orient, un chapitre des « relations extérieures : » car la maçonnerie, suivant le mot de M. Dequaire, a une « politique extérieure » aussi bien qu’une « politique intérieure[4] ; » et celle-là dans son ensemble, comme celle-ci dans certains de ses détails, demeure inconnue de la masse des maçons. En 1894, le rapport de M. Dequaire sur les relations extérieures « ne peut être imprimé, à cause des aperçus délicats qu’il renferme sur les relations du Grand Orient de France avec diverses fédérations de l’univers[5]. » En 1896, on transmet mystérieusement à la commission des relations extérieures une planche relative aux affaires espagnoles et cubaines[6].

  1. C. R. G. O. 19-24 sept. 1898, p. 323.
  2. C. R. G. O., 20-25 sept. 1897, p. 198.
  3. C. R. G. O., janv.-févr. 1898, p. 17.
  4. R. G. O., août-sept. 1894, p. 409.
  5. R. G. O., août-sept. 1894, p. 117.
  6. C. R. G. O… 21-26 sept. 1896, p. 8.7.