enfermer en ce qui était plus petit qu’elle, et a fini par devenir la servante des rivalités nationales.
Cette ambition allemande, dont Guillaume II promenait hier, à travers la Palestine et la Syrie, l’aveu retentissant, n’est pas un motu proprio de l’orgueil impérial. Le souverain n’a fait que sanctionner, avec l’éclat ordinaire de ses actes, un projet conçu par ses sujets catholiques. À Cologne, s’était formée, en 1845, une « Société du Saint-Sépulcre : » elle se proposait de recueillir et de distribuer des ressources aux établissemens catholiques de Terre-Sainte, sans distinction de nationalité. Le même égoïsme qui avait, en 1882, poussé l’Allemagne protestante à répudier l’accord anglo-prussien, entraînait, en 1886, les catholiques à travailler au profit exclusif de leur race, et ils fondaient à Aix-la-Chapelle une « Société de Palestine, » pour soutenir, avec la protection de l’Empire, les œuvres allemandes. En 1895, les deux sociétés semblent se fondre : en réalité, la première est absorbée par la seconde. Si, en effet, les statuts de la « Société allemande de Terre-Sainte » déclarent qu’elle continue à la fois l’œuvre de catholicisme international et l’œuvre de catholicisme allemand, ils disposent que : « la moitié au moins des ressources sera consacrée à sauvegarder en Terre-Sainte les intérêts religieux allemands ou catholiques. » En 1896, le budget formé par les dons des catholiques monte à 160 000 francs, qui, pour la plus grande partie, sont envoyés aux œuvres allemandes ; presque tout ce qui est réservé aux œuvres internationales est attribué au patriarcat de Jérusalem ou à la Custodie de Terre-Sainte, qu’on estime être les institutions les moins favorables à la France et les mieux disposées pour l’Allemagne. Avec l’année 1897, l’association commence un travail discret pour acquérir le Cénacle ; le projet est annoncé et applaudi, le 1er août 1897, à l’assemblée générale des catholiques allemands. C’est de leurs mains que l’Empereur le reçoit, il le fait sien, le pousse par sa diplomatie à Constantinople. Eux et lui demeurent si unis dans cette collaboration que le langage le plus violent contre le protectorat de la France, le plus irrespectueux envers le Pape, le plus enthousiaste pour le prince luthérien se trouvait hier dans la bouche catholique d’évêques allemands. État d’âme d’autant plus remarquable que l’Allemagne n’a presque pas d’œuvres où notre protectorat trouverait prise, et qu’elle émancipe seulement de notre tutelle une jalousie théorique et une influence à venir.