indigènes, des maîtres et des pasteurs, et de transmettre, par ces intermédiaires, à la Syrie la science humaine et la science divine. L’entreprise ne dépassait pas leurs forces, puisqu’ils se borneraient à former des élèves choisis ; elle offrait un emploi fécond aux facultés des missionnaires, puisque chacun des disciples instruits par eux deviendrait à son tour un propagateur de leurs enseignemens ; elle assurait un fécond emploi des ressources, puisque, si les leçons données par eux à ces maîtres indigènes coûtaient cher, les leçons transmises par ces indigènes à la population coûteraient peu. Enfin, dans des contrées où l’idée de race et celle de religion semblent inséparables, aucune propagande n’égalerait en efficacité l’apostolat entrepris auprès des indigènes par des hommes de même sang. Les Américains ouvrirent donc quelques écoles normales et séminaires où ils appelèrent et formèrent avec soin des habitans du pays. Ainsi ils purent avoir des maîtres indigènes plus nombreux que les missionnaires européens, multiplièrent les écoles dans la plaine et sur les pentes du Liban, s’établirent hardiment où les autres religions avaient leurs principaux centres, et avec un soin de prédilection chez les Druses qui perpétuent au sud des montagnes syriennes une foi et une nation solitaires. Contre les catholiques protégés de la France, contre les orthodoxes, cliens de la Russie, contre les musulmans soutenus par la Porte, ce petit peuple ne peut compter ni sur lui-même ni sur un ami. Les Américains et surtout les Anglais ne lui laissent oublier ni sa faiblesse, ni leur puissance, ni son intérêt à mériter leur appui, travaillent à faire de son territoire le réduit de leur influence, et espèrent convertir cette race que nulle attraction étrangère ne leur dispute.
En revanche, incapables soit de suffire eux-mêmes aux chaires multiples qu’exige le moindre collège, soit de former des professeurs à la culture classique, ils ne s’essayèrent même pas à l’enseignement secondaire. Cette impuissance leur valait un renom d’infériorité dangereux, même pour leurs entreprises d’enseignement primaire : ils reprirent l’avantage par une application nouvelle de leur idée maîtresse, et en donnant aux indigènes une preuve habile de sollicitude et de confiance. En Orient, la profession qui rend le plus de services, obtient le plus de respect, rapporte le plus d’argent est peut-être celle de médecin. Les catholiques ne s’étaient pas avisés d’ouvrir, par leur enseignement, cette carrière à leurs élèves syriens. Les protestans, après avoir fait des maîtres