Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/847

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hôtelleries, entre lesquelles les pèlerins munis d’argent peuvent opter. La plus modeste offre des lits dans des dortoirs désinfectés et repeints chaque année, et des mets simples et bien préparés, que chacun choisit à son goût et paie à la portion. On peut s’y nourrir pour huit sous par jour. La plus luxueuse, dite « des princes, » permet aux riches de satisfaire à leur dévotion sans souffrir dans leurs délicatesses. A côté de ces demeures où les diverses classes continuent séparées leur vie ordinaire, sont les demeures communes à toutes les conditions. La souffrance a les siennes, plusieurs hôpitaux, où rien ne semble épargné pour les soins du corps. L’âme aussi a ses médecins, et pour eux est préparée la Maison des prêtres, vaste comme un séminaire, mais un séminaire sans tristesse. Au-dessus de ces constructions basses, la maison de Dieu, la cathédrale, élève la couronne de ses dômes aux couleurs de malachite. Là, enfin, la patrie a sa maison, la demeure consulaire au haut de laquelle flotte le drapeau. Il pourrait, à égal titre, tout abriter dans cette ville, close de grands murs, et aux portes de laquelle veillent les cawas russes. La main d’un gouvernement se révèle à l’étendue de l’entreprise, à l’ensemble de l’exécution, à l’allure régulière des services que l’on sent menés par des fonctionnaires. Isolés entre de vastes esplanades et des jardins, tous ces édifices apparaissent comme les élémens d’une même œuvre, poursuivie avec méthode par une volonté souveraine. Et ces espaces vides, qui semblent démesurés, ne sont pas trop grands pour contenir les milliers de pèlerins qui affluent à certaines fêtes. Chaque année la Russie les envoie plus nombreux, et de plus en plus l’Eglise grecque paraît une oligarchie sacerdotale qui détient les richesses et les honneurs, en face d’une multitude qui a la foi et la force.

A l’établissement d’une cité russe près Jérusalem, se joint en Syrie une entreprise d’éducation russe. L’entreprise a commencé à Nazareth, par l’ouverture d’une Ecole normale. Quarante jeunes Syriens reçoivent là une éducation qui les rend aptes à enseigner à leur tour. Tous les professeurs, sauf celui de turc, sont Russes ; la langue employée est la langue russe ; les études sont dirigées de façon à répandre la foi en la grandeur russe. Ainsi formés, et à la fin de leurs cours, ces élèves sont placés comme maîtres à la tête d’écoles populaires dans lesquelles les indigènes trouvent l’enseignement primaire et apprennent aussi le russe. Créées d’abord en Galilée, puis en Syrie, elles sont