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la chaleur. Il est donc aisé de prévoir que ces systèmes divers remplaceront peu à peu les anciens, comme les chemins de feront fait abandonner le voyage en diligence, ou même en poste. Pour ne rien perdre de l’effet utile du feu, on promène la fumée, avant de la laisser s’échapper au dehors, le long de tuyaux sinueusement repliés, sur un parcours de 150 mètres parfois, à l’intérieur de la chambre de chauffe. L’air qui sort de celle-ci, avec un excès de sécheresse, se sature d’humidité en passant sur un bassin d’eau tiède, souvent parfumée.

Les foyers ordinaires ne pouvaient brûler sur leurs grilles que des morceaux de charbon d’une certaine grosseur ; l’ingénieux foyer à étages multiples de Michel Perret permit de réaliser une double économie : la première, en employant des combustibles pulvérulens et pauvres, fort bon marché parce que les mines en étaient encombrées ; la seconde, en épuisant ces poussiers plus complètement qu’on ne l’avait su faire jusqu’alors. En effet, beaucoup de cendres et de mâchefers contiennent encore un quart de matières non brûlées.

Ce n’est pas à la houille que cette invention était destinée tout d’abord, mais à la pyrite, espèce de pierre où le soufre à l’état brut se combine avec d’autres métaux. De sa combustion naît l’acide sulfurique, le « vitriol, » un des agens, une des puissances du monde moderne, dont le public n’a point souci et dont il n’entend parler que lorsqu’une maîtresse abandonnée en jette à la figure de son amant, mais qui est si indispensable à tant d’industries, entre dans la fabrication de tant de choses, depuis les engrais chimiques et le papier jusqu’aux glaces, — Saint-Gobain brûle annuellement 200 000 mètres cubes de pyrite, — que l’on pourrait presque mesurer l’activité matérielle d’un peuple à la quantité d’acide sulfurique qu’il emploie. Cette substance, qui coûte maintenant 4 francs les 100 kilos, valait 20 à 25 francs avant 1830 et l’adoption du procédé Michel Perret a largement contribué à cette baisse de prix.

Appliquée à la construction de 10 000 calorifères aujourd’hui en service, cette méthode permet d’y consommer des poussières d’anthracite ou de coke, des houilles impures et pauvres, — que les mines précédemment refusaient d’exploiter parce qu’elles ne trouvaient pas à s’en défaire, — même le fraisil des forges ou la suie des locomotives. Vide, l’appareil ressemble à une armoire, à épaisses tablettes de pierre, à porte de fer ; en marche, les trois tablettes,