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fois, pénétrait dans les maisons ouvrières, le calorifère des immeubles bourgeois, au lieu de 8 ou 10 bouches au maximum, arrivait peu à peu à en alimenter 75.

Un des maîtres en cette industrie, le président de la chambre syndicale de fumisterie et ventilation, M. Deschaux, fils de cultivateur, ayant peu de goût pour la terre, est venu à Paris tout seul, à l’âge de douze ans, s’embaucher comme apprenti pour 40 sous par jour. Ouvrier à dix-sept ans, il « emportait les gonds de la maison ; » ce qui, en argot de fumiste, veut dire qu’il était prodigue de son travail ; il recherchait, à l’atelier, les tâches difficiles, carrelages ou revêtemens ; le soir, il suivait les cours d’une école de dessin. Compagnon à vingt ans, « maître » à vingt-cinq, il possédait alors 2 000 francs d’épargnes et gagnait 6 francs par jour. Mais, sur son salaire quotidien, il trouvait moyen de prélever 2 francs, pour payer un professeur d’écriture et de comptabilité ; il lui fallait se mettre en état de passer au rang d’associé, que son patron lui avait fait entrevoir. Les bénéfices étaient, il y a trente ans, de 16 à 20 pour 100 ; ils ne sont plus que de 8 à 10 pour 100 du total des affaires ; mais celles-ci ont beaucoup plus que décuplé. Si la fortune de l’homme laborieux que je cite est aujourd’hui fort enviable, elle est loin pourtant d’être unique ; d’autres chefs de maisons prospères ont commencé, ainsi que lui, par porter l’auge sur leur tête.

Les inventions récentes n’ont pas toutes réussi ; toutes celles qui ont réussi n’ont pas constitué de véritables progrès. Parmi celles qui ont échoué, il y en eut d’originales, dont l’une, habillant les maisons d’un paletot pour l’hiver, consistait à faire circuler des gaz chauds dans un espace vide ménagé à l’intérieur des murs. La moitié de ce calorique était assez mal utilisée, l’autre moitié était perdue.

Au nombre des appareils qui ont obtenu une vogue assez néfaste, — en France du moins, car leur succès n’a guère dépassé nos frontières, — figurent les poêles ou cheminées mobiles à combustion lente. Nous savons tous à quels dangers ils exposent leurs possesseurs ; nous les bravons par économie.


Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ;


Cette économie ne va pas souvent jusqu’à la mort ; il n’est à chaque saison qu’un nombre restreint d’accidens relatés par les gazettes. Toutefois la santé des gens qui vivent dans une