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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

LE CHAUFFAGE[1]

Si l’on pouvait avoir vingt ans pendant trois mois chaque année, puis, pendant les mois d’été, quarante ans, ensuite soixante ans à l’automne, pour revenir en hiver à l’enfance et recommencer à vieillir au printemps suivant, comme les plantes, je crois que l’existence humaine serait beaucoup plus agréable, sans être plus longue pour cela. Mais on jouit mal de la jeunesse, parce qu’on ne la sent pas assez éphémère ; et ce qui fait toute l’amertume de la soixantième année, c’est que jamais plus elle ne sera suivie de la vingtième. Dans chaque espace de douze mois, les troncs les plus rabougris et les plus secs en apparence poussent de nouveaux bourgeons : tandis que, dans chaque vie, les arbres de l’espérance, une fois dépouillés, ne refleurissent plus.

Bénissons le ciel qui nous a fait naître en un climat changeant ! Les Français sont un peuple des quatre saisons ; beaucoup d’autres peuples n’ont que deux saisons, et quelques-uns n’en ont qu’une. Que ce soit l’hiver ou l’été ou même un « printemps

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1899.