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politique à l’est de la ligne frontière définie dans le paragraphe suivant, et le gouvernement de Sa Majesté Britannique s’engage à n’acquérir ni territoire, ni influence politique à l’ouest de la même ligne. » Voilà qui est très clair : passons au paragraphe désigné. Il n’y est question que de la première partie de la ligne, celle qui part du M’bomou pour atteindre au nord le 15e parallèle. L’autre partie, celle qui part du tropique du Cancer pour rejoindre le 15e parallèle, est comprise dans un second paragraphe qui n’a rien de commun avec le premier. Il s’agit purement et simplement, cette fois, de fixer la frontière orientale de nos possessions ; mais nous ne nous engageons à rien à l’est de cette ligne. A cet égard le silence est complet, et il est significatif. Nous n’avons pas voulu nous lier. Le gouvernement anglais a connu nos intentions et, en les respectant, il en a consacré la légitimité.

Au reste, ce sont surtout les intentions qui ont ici de l’importance : les moyens employés pour les exprimer en ont une moindre. Les distinctions dont nous venons de parler étaient sans doute utiles pour éviter tout malentendu, mais elles n’étaient pas indispensables. Oui, assurément, elles étaient utiles, puisqu’un certain nombre de journaux anglais s’efforcent, quand même, de rétablir les équivoques qu’elles ont dissipées. Mais elles n’étaient pas indispensables. A quoi, en effet, nous sommes-nous engagés à l’est de la première ligne, celle qui sépare le Ouadaï du Darfour et du Soudan ? A n’y acquérir ni territoire, ni influence politique, rien de plus. Quant à savoir à qui appartient le Soudan, c’est une question toute différente : n’ayant pas été posée, elle n’a pas été résolue. L’Angleterre a dit d’abord que le territoire dont il s’agit appartenait au khédive et au sultan. Elle a dit ensuite qu’une partie avait cessé en fait d’appartenir à l’Egypte et était devenue res nullius. C’est une opinion particulière et de date récente : elle est née sur le champ de bataille d’Omdurman. Cette partie du Soudan, tombée en déshérence, a été récupérée par qui ? Par l’Angleterre, nous le voulons bien, mais aussi par l’Egypte qui a donné pour cela le sang de ses fellahs. En admettant la thèse anglaise, il y a là un règlement à faire. Nous ne nous en mêlerons pas ; il ne nous intéresse plus. Mais ce que nous disons du Soudan, nous ne le disons pas de l’Egypte proprement dite. Les questions de latitude ont ici une grande importance, et ce n’est pas sans motif que la Déclaration du 21 mars y a si fortement appuyé. En résumé, si on jette les yeux sur une carte, nous avons, à l’est, arrêté nos prétentions personnelles à la ligne qui vient d’être tracée du tropique du Cancer au M’bomou : au-delà, nous n’avons pas la moindre prétention de ce genre, et nous