Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/693

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le protoplasme vivant forme alors une sorte de sac adossé étroitement à la membrane cellulaire. Si l’on venait à diluer le liquide ambiant avec la moindre quantité d’eau, celle-ci attirée par le suc intérieur accroîtrait la pression interne et presserait plus fortement la membrane protoplasmique contre la paroi cellulaire ; mais, de ce fait l’observateur ne s’apercevra point ; rien ne le révélera au regard. Au contraire, si l’on concentre le moins du monde le liquide ambiant, de l’eau sera appelée au dehors et il se manifestera une tendance à l’affaissement de la cellule et à son retrait. Le sac protoplasmique, tout à l’heure adhérant encore à la membrane cellulaire, tend à s’en détacher ; et il s’en détache, en effet, sur quelque point. C’est ce retrait qui constitue la plasmolyse.

On saisit donc facilement le moment où le liquide ambiant cesse d’être en équilibre osmotique avec le suc cellulaire, et, par suite, le moment où cet équilibre existe encore. En répétant la même épreuve avec diverses solutions, on les rend facilement isosmotiques ou isotoniques au suc cellulaire, et par conséquent isosmotiques entre elles. Il suffit, en les concentrant ou en les étendant convenablement, de les amener au point où se manifeste un commencement de plasmolyse. Le début de la plasmolyse est l’indication du moment où l’isotonie est obtenue.

Si le liquide ambiant continue à se concentrer, ou si, par quelque autre moyen, la cellule végétale continue à perdre de l’eau, le phénomène de la plasmolyse se poursuit : le sac protoplasmique se détache de la membrane cellulaire sur toute son étendue et forme alors une sorte de ballon flottant à l’intérieur de l’enveloppe cellulosique, trop rigide pour suivre son mouvement de rétraction. Tel est l’état de la cellule plasmolysée, et, en général, de tous les tissus fanés.

Grâce à ces observations de plasmolyse débutante, H. de Vries a pu fixer la composition d’un grand nombre de solutions ayant même pouvoir osmotique. Il suffit de bien choisir les plantes dont les cellules serviront d’indicateurs. S’il s’agit de solutions de sucre ou d’hydrates de carbone, on s’adresse à l’Elodea canadensis. Pour les liqueurs acides, on emploie des cellules de Bégonia : dans d’autres cas, certaines cellules de Tradescantia ; quelquefois des globules rouges du sang (Hamburger).

Voici maintenant les résultats les plus généraux de ces mesures. On a déterminé à quel degré de concentration les