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colle ordinaire contenant 5 à 15 pour 100 de sucre) au contact d’une solution de tannin à 2 pour 100. Une baguette de verre à laquelle adhère une goutte de ce mélange, et que l’on plonge dans la liqueur tannique, s’entoure d’un précipité. L’on transporte cette goutte dans l’eau pure, sa mince pellicule de tannate livre passage à l’eau et se distend jusqu’à ce qu’enfin elle éclate.. — On obtient un résultat analogue en jetant un morceau de sulfate de cuivre dans du ferrocyanure de potassium. Le précipité de ferrocyanure de cuivre qui se forme à la surface est semi-perméable. Si l’on plonge le morceau de sulfate ainsi revêtu, dans de l’eau distillée, celle-ci s’introduit à l’intérieur, dissout le sulfate, gonfle la membrane et ne tarde pas à la faire éclater. M. Pfeffer, dans ses expériences, a précisément utilisé les membranes de ferrocyanure de cuivre. Son osmomètre était constitué par une membrane de ce genre appuyée à un vase poreux de pile qui lui sert de soutien. Il préparait cet appareil en plongeant successivement le vase poreux dans des solutions étendues à 3 pour 100 de sulfate de cuivre et de ferrocyanure de potassium.

Rien ne semble plus artificiel, a priori, que des préparations de ce genre — et on serait tenté de croire qu’il y a bien peu de chances de trouver réalisées, chez les animaux ou les plantes, des membranes aussi particulières et les conditions d’une osmose aussi exceptionnelle. On se tromperait grandement. Ce cas, loin d’être exceptionnel, est le type ordinaire, normal, de l’osmose naturelle. Il est réalisé plus ou moins exactement par tous les élémens protoplasmiques. La cellule artificielle de Pfeffer se trouve être l’image de la cellule véritable. Dans les cellules végétales, par exemple, on trouve les deux espèces de membranes : l’enveloppe extérieure, surtout formée de cellulose, est comparable aux membranes de Dutrochet ; elle se laisse traverser facilement par toutes les solutions salines, sucrées, et ne barre le passage qu’aux substances colloïdales, albumineuses. A l’intérieur de cette première enceinte protectrice se trouve la masse protoplasmique qui constitue la cellule vivante, et celle-ci est précisément entourée par une mince pellicule (membrane plasmique) qui ne laisse à peu près rien passer que l’eau et qui est, conséquemment, une membrane semi-perméable. A la vérité, sa résistance à toute pénétration n’est pas absolue, elle comporte des exceptions sans lesquelles les échanges vitaux de la nutrition seraient impossibles ; mais ces exceptions à l’imperméabilité de la membrane plasmique,