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beaucoup au-dessous de 3,5 atmosphères. En revanche, elle peut s’élever notablement au-dessus. Par exemple, dans le bulbe de l’oignon comestible, la pression osmotique interne atteint 15 atmosphères : elle monte à 21 atmosphères dans les cellules de la racine de betterave. L’état turgide des élémens anatomiques dans la betterave se manifeste par une épreuve bien simple. Il suffit de couper longitudinalement, la racine en deux moitiés, suivant l’axe du cône. Les deux surfaces de section, au lieu de rester planes et applicables l’une contre l’autre, se bombent tellement dans la partie centrale, qu’elles ne peuvent plus être juxtaposées. Ceci est vrai pour les racines fraîchement arrachées. Après quelque temps, elles se fanent, et la turgescence disparaît : le phénomène reparaît si l’on immerge dans l’eau les racines fanées.

Sans connaître exactement l’énormité de ces pressions internes, les botanistes, antérieurement à Pfeffer et de Vries, en avaient eu le soupçon. Avant de l’identifier à la pression osmotique, ils appelaient cette tension turgor, force de turgescence, ou simplement turgescence. Le savant professeur de l’Université de Wurzburg, Sachs, avait donné, dès 1871, une définition claire de cette force de turgescence et il avait mis en plein relief son importance. Le même botaniste avait rattaché précisément, comme de Vries, son élève, devait le faire plus tard avec plus de précision, l’accroissement à l’action dilatatrice et extensive, que cette force de turgescence exerce sur la membrane qui limite la cellule.

Tous les botanistes n’ont pas admis les idées de Sachs et de H. de Vries à cet égard. Ils n’ont pas tous considéré que l’extension de la membrane par la pression osmotique fût le fait capital ou primitif de l’agrandissement de la cellule ; mais le désaccord n’existe que sur la part plus ou moins léonine qu’il convient d’attribuer à l’agent osmotique dans l’accomplissement du phénomène.

En physiologie animale, les applications des lois de l’osmose sont de date plus récente. C’est à M. Hamburger, d’Utrecht, qu’appartient l’honneur d’avoir aiguillé les recherches dans cette direction, en 1884. Il a étudié l’influence des phénomènes osmotiques sur la constitution du sang, sur l’état des globules et sur la composition de la partie liquide.

On a publié un nombre considérable de travaux,