Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/650

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHATEAUBRIAND
ET LES
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Il y a quelques mois, à Saint-Malo, dans la vieille ville qui l’a vu naître, et où il a voulu dormir son dernier sommeil, des voix éloquentes ont célébré la mémoire de René. Il a été loué comme il eût souhaité de l’être. Les deux écrivains qui, parmi nous, ont le plus complètement hérité de sa mélancolie hautaine, de sa fièvre d’action, de son inquiétude morale, ont parlé de lui en termes qui ont dû ravir d’allégresse son ombre impatiente de gloire. Dans des pages d’une superbe poésie, M. de Vogüé nous a dit quel poète fut « l’aïeul qu’il admire et qu’il aime le plus ; » et la dialectique de M. Brunetière a su mettre en un puissant relief tout ce qui, sous la splendeur des formes littéraires, se cache de pensée forte et encore actuelle dans l’œuvre de l’apologiste chrétien. Encore une fois, ce sont là les oraisons funèbres qu’il aurait aimées.

A vrai dire, il était homme à préférer celle qu’il avait pris soin de composer lui-même ; et peut-être plus encore qu’à M. de Vogüé et à M. Brunetière eût-il été reconnaissant à l’érudit consciencieux et modeste qui vient de lui payer sa dette d’admiration en nous donnant les premiers volumes d’une édition quasi définitive de ses Mémoires d’Outre-Tombe[1]. « Ces Mémoires, avait dit

  1. Mémoires d’Outre-Tombe, nouvelle édition avec une Introduction, des Notes et des Appendices, par Edmond Biré, t. I, II et III, Garnier frères ; in-18.