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donnait des conseils aussi malhabiles que désintéressés. « La Providence, disait-il, favorise quelquefois les peuples comme les individus, on leur donnant l’occasion de grandir tout à coup, mais c’est à la condition qu’ils sachent en profiter. Profitez donc de la fortune qui s’offre à vous. Votre désir d’indépendance, si souvent déçu, se réalisera si vous vous en montrez dignes. Organisez-vous militairement ; unissez-vous sous les drapeaux de Victor-Emmanuel ; animés du feu sacré de la patrie, ne soyez aujourd’hui que soldats : demain, vous serez citoyens libres d’un grand pays. » Cette proclamation était à la fois blessante pour les Italiens, dont le patriotisme paraissait avoir besoin d’être stimulé, et compromettante pour notre politique, car elle annonçait l’entière délivrance de la péninsule et promettait de ne mettre aucun obstacle à la libre manifestation de la volonté nationale. On ne devait pas manquer de le rappeler amèrement à Napoléon III lorsque, après Solferino, poussé par d’impérieuses considérations, il dut précipitamment signer la paix en laissant son programme en souffrance…


G. ROTHAN.