bottes au début, mais nous prendrons notre revanche. » La Providence, dont l’Empereur n’était à ses yeux que l’aveugle instrument, ne devait pas l’abandonner. Le 3 mai, l’état de guerre fut officiellement annoncé par le Moniteur. « L’Autriche, disait l’Empereur dans sa proclamation, a amené les choses à cette extrémité qu’il faut qu’elle domine jusqu’aux Alpes ou que l’Italie soit libre jusqu’à l’Adriatiqur. Car, dans ce pays, tout coin de terre demeuré indépendant est un danger pour son pouvoir. » La phrase était sonore, mais elle n’impliquait pas, comme on le prétendit plus tard, l’engagement d’affranchir l’Italie des Alpes à l’Adriatique.
Celle qui suivait, en revanche, ne prêtait à aucune équivoque ; elle affirmait le maintien du pouvoir temporel. « Nous n’allons pas en Italie, disait la proclamation, fomenter le désordre, ni ébranler le pouvoir du Saint-Père, que nous avons replacé sur son trône, mais le soustraire à cette pression étrangère qui s’appesantit sur toute la péninsule, et contribuer à y fonder l’ordre sur les intérêts légitimes satisfaits. »
Le manifeste disait aussi que « la France ne veut pas de conquêtes ; elle entend respecter les traités, à la condition qu’on ne les violera pas contre elle ; elle affirme hautement ses sympathies pour un peuple qui gémit sous l’oppression étrangère. Ses alliés naturels ont toujours été ceux qui veulent l’amélioration de l’humanité, et, quand elle tire l’épée, ce n’est pas pour dominer, mais pour affranchir. Le but de cette guerre est de rendre l’Italie à elle-même, et nous aurons à nos frontières un peuple ami qui nous devra son indépendance. »
L’Italie affranchie, le pouvoir temporel sauvegardé, l’ordre maintenu contre la révolution, les traités respectés et les conquêtes répudiées, tout le monde avait lieu d’être satisfait : les catholiques, les libéraux et les conservateurs, les peuples et les gouvernemens, et surtout les Italiens, pour lesquels on allait se battre.
Les allocutions de Napoléon Ier, comme son génie, étaient lumineuses, péremptoires ; celles de Napoléon III, comme son esprit, étaient lyriques, romantiques. L’oncle ne connaissait que sa volonté ; le neveu s’efforçait de concilier celle des autres avec la sienne ; L’un a succombé pour avoir trop voulu ; le second pour n’avoir pas su au juste ce qu’il voulait.
Du jour au lendemain, la guerre si hautement réprouvée