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culte ; c’est le grade auquel la plupart se tenaient. Les femmes elles-mêmes y étaient admises et recevaient le nom de Lionnes. La réception donnait lieu à d’étranges cérémonies, dont le sens nous échappe. Le récipiendaire revêtait successivement les formes de divers animaux, dont il imitait les cris et les mouvemens. On l’enveloppait du manteau bariolé des figures des constellations, semblable au voile olympique des Eleusinies et des Isiaques, à l’astrochiton d’Hercule. On lui purifiait avec du miel les mains, la bouche et la langue. Le Corbeau était déjà un ministre inférieur du culte ; son nom venait de la constellation dont le lever héliaque annonce le solstice d’été. Le Griffon est, dans toutes les religions antiques, consacré aux dieux solaires. Il sert de monture à Apollon, quand le dieu revient des pays hyperboréens. Il est le gardien des trésors cachés. Plus mystérieuse est l’origine du Perses. Hésiode fait du Persée grec le fils d’Hypérion. Phérécyde rattache son mythe à la Phénicie, et l’on connaît un temple qui lui était consacré à Joppé. Il paraît avoir été, en Grèce, le premier exemplaire du dieu solaire persan, vainqueur du dragon et du serpent, comme le prototype de Mithra. Saint Justin semble voir en lui le Sauveur des derniers jours de la légende avestéenne. Le grade d’Hélius s’explique de lui-même. Quant aux Patres, ils constituaient le clergé proprement dit ; on leur donnait les noms d’Éperviers et d’Aigles. Porphyre distingue parmi eux trois degrés de prêtrise, que les inscriptions reconnaissent également ; les Pères, les Pères du culte (patres sacrorum) et le Père des pères (pater patrum), qui était le chef suprême de la religion. Il est curieux que les mêmes degrés se retrouvent encore de nos jours chez les Parsis ; le Hobed, qui a la connaissance des écritures sacrées, le Mobed, l’ancien mage et le ministre du culte, le Mobeddestour, le maître des coutumes, chargé d’interpréter la loi et dont les décisions sont souveraines.


VIII

Le mithriacisme a dû le succès de sa propagande à deux causes principales.

En lui, le paganisme a trouvé la forme du monothéisme, auquel il devait aboutir, à la dernière période de son évolution, sous la double influence de la philosophie grecque et de l’enseignement des mystères. Presque tous les dieux des religions