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courant d’un fleuve) ; celle du jeûne ou de la solitude (un homme couché nu dans un désert semé de rochers) ; celle du fouet, à moins que ce ne soit un poignard que brandisse la main du tortionnaire. Les compartimens de droite semblent consacrés à l’anabase. Ils nous font voir le myste reçu en grâce et pardonné, puis couronné par la main de Mithra du diadème héliaque, monté enfin sur le char du Soleil et accueilli dans le ciel. A la base de la colonne de gauche, est figuré le taureau seul et debout, représentant le principe matériel dont l’initié doit se libérer pour mériter le salut ; dans le compartiment qui lui répond, à droite, le taureau est vaincu, traîné par les pattes de derrière, dans l’attitude familière qui symbolise la défaite sur les cylindres chaldéens. Du monument de Zollfeld, il ne reste que les scènes de l’apothéose.

Les épreuves surmontées permettaient l’accès aux grades. Il existait en effet parmi les initiés une hiérarchie rigoureuse, calculée d’après le degré d’instruction ou d’intelligence de chacun, les services rendus, ou le dévouement à la communauté, et qui avait pour but d’inculquer l’obéissance et de susciter l’émulation. On n’est d’accord ni sur le nombre de ces grades, ni sur leur ordre, ni même sur leurs noms. Le passage de saint Jérôme, où ils sont énumérés, est un des plus mutilés des manuscrits. Une saine critique commande de n’admettre que ceux que mentionnent expressément les textes et les inscriptions. Il se trouve qu’ils sont au nombre de sept, répondant à celui des planètes et aux degrés de l’échelle mystérieuse de Celse. Ce sont le Miles, le Léo, le Corax, le Gryphius, le Persès, l’Helius, le Pater. Les anciens ignoraient eux-mêmes le sens symbolique et secret de ces dénominations. Si nous nous référons au texte de Pallas, rapporté par Porphyre, elles désigneraient ces enveloppes successives, dont doit se dépouiller le myste pour atteindre l’état de pureté, et les personnages divers par lesquels il doit passer, avant d’arriver à la perfection. L’initiation à chacun de ces grades était l’occasion d’autant de fêtes, dont les inscriptions gardaient le souvenir, les léontiques, les coraciques, les héliaques, etc.

Nous devons à Tertullien quelques renseignemens sur la réception du Miles. Le myste, vainqueur des épreuves, doit refuser la couronne qui lui est tendue au bout d’une épée, la faire glisser sur son épaule, et répondre : « Mithra est ma seule couronne. » Il est alors marqué d’un signe au front et fait partie de la milice sacrée. Le Lion n’est plus un simple initié, il participe déjà au