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il est offert ; c’est par-là qu’il est un acte essentiellement religieux. Le Yaçna nous déroule les longues péripéties de l’office mazdéen. La partie principale réside dans la préparation et la consécration du hôma. « Il guérit tous les maux, il donne santé et longue vie ; il procure aux femmes la fécondité ; il est le trésor le plus précieux pour l’âme. » L’office se termine par le repas, composé du pain, de la viande et de l’eau apportés par les fidèles ; mais pour y prendre part, ils doivent être en état de pureté parfaite. On a tout lieu de penser que ces rites, qui se sont conservés jusqu’à nos jours air fond de l’Asie, sont ceux-là mêmes qui étaient pratiqués dans les mystères de Mithra.

La résurrection est un dogme d’origine persane. Des Perses il passa aux Juifs, qui ne semblent l’avoir adopté qu’avec répugnance. Les Pharisiens et les Esséniens l’avaient acceptée, mais les Sadducéens, c’est-à-dire l’aristocratie conservatrice, la repoussaient. Elle s’accorde mal, en effet, avec la croyance au sheol, qui ne rend pas ses morts. Pour les Mazdéens, comme pour les Chaldéens, le monde a commencé au moment de l’exaltation du soleil dans les signes du Taureau ; il doit finir quand le soleil reviendra dans ce signe. Cette révolution comprend douze mille années. Aux derniers jours, « quand la terre sera comme malade et semblable à la brebis qui tombe en frayeur devant le loup, » la résurrection s’opérera. Par la volonté d’Ormuzd, les élémens rendront ce qu’ils ont repris au corps qu’ils avaient une première fois formé. « De la terre reviendront les os ; de l’eau reviendra le sang ; des arbres les poils et les cheveux ; et la vie reviendra du feu, comme à la création des êtres[1]. » Mais il semble que cette résurrection de la chair doive être provisoire et limitée au temps de l’expiation imposée aux méchans, avant la réconciliation définitive. Car il est dit que les hommes immortels ne prendront plus de nourriture et « que leurs corps ne feront plus d’ombre. » Ils deviendront lumineux et semblables au soleil.


VII

Dans tous les mystères, l’initiation était précédée d’épreuves, qui avaient pour objet de s’assurer de la foi du candidat et de la solidité de sa vocation. On lui imposait une attente de quelques

  1. Voyez Bundehesh, ch. XXXI.