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disent rien de semblable, mais seulement que les démons, c’est-à-dire les faux dieux, ont suggéré aux hommes ces analogies, pour troubler l’esprit des fidèles et jeter la confusion sur les vérités divines[1].

Les sacremens des mystères supposent toujours une intervention magique. Il est des mots, des rites, des formules, qui ont la faculté d’agir directement sur les dieux et de contraindre leur volonté. Peu importe que l’homme n’en connaisse ni le sens, ni la raison. Les symboles font d’eux-mêmes leur œuvre propre « et les dieux, vers qui ces symboles s’élèvent y reconnaissent d’eux-mêmes leurs images, sans avoir besoin de nous. » C’est pourquoi « il faut conserver les formes des prières antiques, n’y rien supprimer, n’y rien ajouter jamais ; car elles sont en connexité avec la nature des choses. » Ceux qui ont le mieux noté ces mystérieuses correspondances sont « les Chaldéens, les Egyptiens, et les Perses[2]. »

On sait que toute l’antiquité a connu et pratiqué les lustrations par l’eau ; les auteurs classiques les ont maintes fois décrites. Elles étaient partout le prélude de l’initiation. La première journée des fêtes d’Eleusis leur était consacrée, et un prêtre spécial y présidait. Apulée nous parle, dans sa description des mystères d’Isis, du bain de l’initié. Comme celui d’Eleusis, c’était un bain rituel, destiné à procurer la pureté rituelle. Le baptême mithriaque ne paraît pas avoir dépassé cette conception. Dans l’Avesta, l’enfant nouveau-né est lavé avec soin ; on approche de sa bouche le hôma terrestre, qui est le symbole d’immortalité. Les mithriastes pratiquaient les purifications par l’eau, par le feu et par le miel. Le miel est le symbole de la mort, et s’oppose au fiel, qui est celui de la vie. Ils ajoutaient à ces cérémonies une onction sur le front ; et certains indices portent à croire que l’initié recevait un nom nouveau.

L’idée sur laquelle repose la pénitence appartient au fond même de l’esprit humain. L’aveu soulage de la faute, et allège le remords, mais rien ne peut l’effacer que le repentir parfait. Celui-ci suppose le sentiment intime de l’indignité du pécheur en présence de la puissance et de la miséricorde divines. Si le paganisme

  1. V. Tertullien : de Præscriptione, ch. XL ; de Coronâ, ch. XV ; Justin : Dial. contr. Tryphon, ch. LXVI.
  2. De Mysteriis : 2e part., ch. XI : C° part., ch. IV, V ; Origène : Contra Celsum, ch. I, 24.