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d’Alexandre. Il n’en subsiste que des fragmens, dont quelques-uns remontent à une époque fort ancienne. Il est écrit en langue zende, qui est celle des inscriptions achéménides, alors que, du temps des Sassanides, la langue usuelle était le pehlvi.

Par la langue, par les mythes, par le nom même des divinités, l’Avesta se rattache à cette époque pré-arienne, d’où sont issus les Védas de l’Inde. Mais tandis que l’imagination indoue, dans son inépuisable fécondité, multipliait les genèses divines, le génie plus sobre de l’Iran choisissait dans le trésor commun le drame de l’orage, la lutte du soleil et des ténèbres, et, le transposant dans le domaine moral, en faisait la lutte du bien et du mal, représentés par Ormuzd et par Ahriman. Cette lutte, dont la création et l’homme sont l’on jeu, implique dans le mazdéisme classique une parité absolue entre les deux antagonistes, égaux en puissance créatrice. Mais l’Avesta même permet de reconnaître en Ormuzd un principe d’antériorité et de supériorité. Ahriman n’a pas la prescience de l’avenir ; il a conscience de son impuissance finale. Il est, mais ne sera pas toujours. Sa création même n’est pas originale ; elle est toute d’opposition et de contradiction. Et, si l’on va au fond de la doctrine, le mal n’entre dans le monde qu’avec la créature.

Ormuzd est le seigneur omniscient. Il est l’espace lumineux, antérieur à toutes choses et qui les contient toutes. Le ciel est son vêtement brodé d’étoiles ; le soleil, l’œil par lequel il surveille la terre. « Il ressemble de corps à la lumière et d’âme à la vérité. » Il a créé le monde par la vertu de sa seule parole qui, en nommant les êtres, projette hors de lui l’existence. Il s’est donné comme assesseurs les sept Amshaspands, qui ne sont que les qualités abstraites émanées de lui, comme si l’Iran, obsédé de la toute-puissance de son dieu, n’avait pu doter ces entités de la plasticité de personnes divines. Plus précis et moins inconsistans, les vingt-huit Izeds représentent les génies des élémens, du feu, de l’air, des eaux, etc. Viennent enfin, dans la série des créations divines, les Ferouers ou Fravashis, qui sont les types immortels et les idées des choses et des êtres. Ils descendent s’incarner temporairement dans les corps mortels, pour remonter, leur tâche remplie, à leur patrie céleste.

Ormuzd a donné à Zoroastre sa révélation, pour qu’il enseigne aux hommes la doctrine de pureté, les paroles efficaces qui doivent leur assurer la victoire sur le mal. Lorsque les temps fixés