Au mois de février, l’opinion en France comme dans toute l’Europe se prononçait donc énergiquement contre une guerre dont la menace avait surgi spontanément, au milieu de circonstances mystérieuses qui lui donnaient les apparences d’une conspiration. Tous les cabinets se tenaient en garde ; ils voyaient dans les paroles et les actes de Napoléon III la trace d’un double jeu. Le ministre des Affaires étrangères à Berlin, le baron de Schleinitz, répondait à M. de Moustier, qui cherchait à pressentir l’attitude éventuelle du gouvernement prussien, que « la puissance qui assumerait le rôle d’agresseur ne pourrait pas compter sur les sympathies de la Prusse. » L’Angleterre, moins équivoque dans l’expression de sa pensée, se montrait ouvertement hostile. La sympathie que l’Empereur avait compté y rencontrer en soulevant la question italienne faisait entièrement défaut. Elle avait le sentiment de sa faiblesse et redoutait que l’influence de la France, déjà trop grande à ses yeux, ne devint, avec l’appui de l’Italie,
- ↑ Voyez la Revue des 1er et 15 février.