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quatrièmes bataillons et les ressources des réserves de l’infanterie de marine nous permettraient de réunir, sans difficulté, 12 divisions à 14500 hommes, pour l’armée de descente en Angleterre, et trois divisions de même force pour le corps de débarquement en Irlande, et cela sans toucher à la mobilisation de nos vingt corps d’armée. Si une guerre continentale survenait, il faut que nous ne soyons pas détournés de notre action contre l’Angleterre, comme le fut Napoléon en 1805. L’organisation actuelle de nos forces le permet.

Le débarquement en Irlande ferait donc partie de l’opération générale. Elle aurait lieu en même temps. On peut l’esquisser à grands traits.

Elle ne comporterait que de grands bateaux de mer et partirait d’un point quelconque de la côte de l’Atlantique. Il suffit de 150 vapeurs pour porter trois divisions et leur matériel. L’embargo mis, dès la déclaration de guerre, sur tous les navires battant pavillon anglais, nous en donnerait un grand nombre, et du reste nous en avons un nombre suffisant, en tout temps, dans nos ports.

Quoique pourvus de tous les moyens de débarquement, l’opération menée par ces vapeurs serait plus difficile que la descente en Angleterre exécutée par la flottille. Mais elle serait aidée par la coopération de la population irlandaise, armée de nos mains. Il existe dans nos arsenaux des fusils Gras au nombre de plusieurs centaines de mille, avec leurs millions de cartouches. Ils encombrent inutilement. Cette arme à tir rapide est très bonne, quoique d’un calibre un peu fort (11m/m). Elle est très rustique, d’un entretien facile et peut être mise dans des mains inexpérimentées. L’épreuve en a été faite avec nos contingens indo-chinois.

Il nous est donc facile d’armer toute la population de l’Irlande en état de combattre. En outre, il y a lieu de croire que le parti Irlandais-Américain ne tarderait pas à trouver les blockade runners, forceurs de blocus, qui se chargeraient de faire passer les armes.

Les populations se tiendraient prêtes à se soulever à mesure des progrès du corps de débarquement.

Les exemples d’expéditions analogues sont si nombreux, qu’il est inutile d’entrer dans d’autres détails.

Quant à l’opération de la descente en Angleterre, elle serait