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en même temps. » Pour faciliter l’opération, dont le succès restait indécis, César fit bonder de soldats les chaloupes de ses galères et quelques navires légers de faible tirant d’eau, et les poussa à la côte. Il put ainsi mettre à terre les troupes suffisantes pour exécuter contre les Bretons une attaque victorieuse.

Le régime des marées étant mal connu, aucune précaution n’avait été prise pour protéger les navires. On était près de l’équinoxe, et, par une nuit de pleine lune, s’éleva une violente tempête qui mit le désordre dans la flotte et détruisit une partie des navires de charge. Les Bretons, informés du désastre, se portèrent à l’attaque du camp romain, mais ils furent battus. Toutefois César, jugeant sa position aventurée à l’entrée de l’hiver, fit rembarquer ses légions et repassa en Gaule.

Cette expédition ressemblait trop à une fuite, pour que César ne fût pas décidé à tenter une nouvelle opération. Cette fois, il emmena cinq légions et 2 000 chevaux. La flotte réunie à Itius-Portus (Wissant ou Boulogne) comportait plus de 800 vaisseaux. Il mit à la voile, au coucher du soleil, par un léger vent du Sud-Ouest ; mais, à minuit, le vent étant tombé, le reste de la traversée se fit à la rame. Il débarqua, à midi, au point où il était descendu l’année précédente. Les Bretons n’opposèrent aucune résistance au débarquement, mais ils s’établirent à douze milles du rivage, en arrière d’une petite rivière, à l’abri d’une forêt profonde dont les accès étaient défendus par des abatis. Ils furent promptement refoulés par la 7e légion. Toutefois, César ne voulut pas se lancer à leur poursuite, à travers la forêt et pendant la nuit. Le même jour, une tempête violente jetait à la côte les vaisseaux de la flotte romaine. Quarante étaient perdus. Avant de reprendre son mouvement, César fit remettre en état ce qui restait de ses navires et ordonna à son lieutenant Labienus, resté en Gaule, de lui envoyer d’autres bateaux. Il fit mettre ses navires au sec et, ayant ainsi assuré ses derrières, il reprit l’attaque. Après quelques escarmouches, il parvint jusqu’à la Tamise, que défendait Cassivellaunus, l’un des plus puissans chefs bretons. Il força le passage du fleuve et s’empara de l’oppidum. Ce succès mit fin à la guerre. Mais César, cette fois encore, ne voulut pas maintenir ses troupes en Bretagne et les ramena en Gaule.

La conquête de la Grande-Bretagne fut décidée par l’empereur Claude. Elle eut lieu en l’an 43 après Jésus-Christ. Le lieutenant de l’empereur, Plautius, chargé de l’expédition, partagea ses