quelques-unes des plus riches provinces de la Chine. Elle possède, par ses vallées pénétrantes, les voies de communication les plus faciles, tandis que, par la Birmanie, les Anglais ne peuvent pénétrer dans le Yunnan qu’au moyen de travaux gigantesques qui ne peuvent être rémunérateurs.
C’est dans une guerre, dont l’issue ne saurait être douteuse et qui permettrait de nous imposer un traité de paix stipulant la cession de l’Indo-Chine, que les gens de la Cité voient la reprise des affaires.
La domination de la mer, qu’ils croient certaine en ce moment, parce que le programme de construction maritime de 1888 est presque exécuté, peut devenir aléatoire à bref délai. En effet, la France a projeté un programme de constructions s’élevant à 800 millions, l’Allemagne va dépenser 250 millions, et la Russie 500 millions. Lorsque ces programmes seront remplis, une coalition de ces trois puissances amènerait la perte de l’Angleterre. Elle doit donc courir sus au plus fort, c’est-à-dire à la France, et cela sans retard, car chaque mois écoulé diminue ses chances.
Le Daily Mail, dans son numéro du 3 novembre dernier, abandonne toute précaution et déclare nettement que, du moment où le conflit est tôt ou tard inévitable, il est indispensable de ne pas attendre que la France, avertie, s’y soit préparée.
Le Daily Chronicle, à la fin d’octobre, expose tout un programme d’action. Il demande :
1° La destruction de la flotte française ;
2° L’abandon par la France de ses colonies et particulièrement de l’Indo-Chine et de Madagascar ; l’abandon par la France de toute politique coloniale ;
3° Le partage amical de la Chine entre la Russie et l’Angleterre. La Russie prendrait la rive gauche du Yang-tso-kiang, c’est-à-dire le pays pauvre, le pays des glaces et des populations toujours affamées, tandis que l’Angleterre prendrait la rive droite, où sont les provinces les plus riches, celles qui alimentent les provinces du Nord ;
4° L’alliance étroite avec l’Amérique pour la domination du monde (le Daily Chronicle oublie de dire que cette alliance est une nécessité absolue ; si l’Amérique suspendait, en même temps que la France, l’envoi de ses denrées alimentaires, l’Angleterre serait immédiatement affamée et réduite) ;
5° L’arrêt de l’accroissement des flottes allemande et russe. Le