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LES
DESCENTES EN ANGLETERRE

Les relations franco-anglaises paraissent momentanément améliorées. Rien cependant n’est fini, puisque toutes les questions qui nous divisent sont encore à résoudre.

Nous avons été très près de la guerre. Ce fait est souvent mis en doute par des esprits cultivés, qui ne voient dans la tension politique actuelle qu’un procédé d’intimidation. D’après eux, l’Angleterre, bien décidée à nous arracher toutes les concessions possibles, se garderait d’aller jusqu’à l’action. Ont-ils raison ? De sérieuses considérations amènent à penser qu’ils se trompent.

Quoi qu’il en soit, des circonstances analogues à celles qui ont failli causer la rupture peuvent se reproduire.

Si la civilisation, l’humanité et la sagesse ne suffisent pas à prévenir le conflit, il est essentiel qu’il nous trouve moralement et matériellement préparés. Nous le serons d’autant mieux que nous aurons acquis la preuve que notre situation serait loin d’être aussi fâcheuse que nos voisins affectent de le dire. A force de répéter que leur île est inabordable, les Anglais ont fini par le croire et même par le persuader à un grand nombre de Français. La suite de cette étude montrera qu’ils se leurrent.

Mais avant d’aborder le fond de la question, il est nécessaire d’indiquer comment l’opinion publique en Angleterre a été amenée à considérer la guerre comme une nécessité et à la désirer.