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s’observent aussi à quelque degré dans les cas d’insuffisance fonctionnelle de ces glandes. Ce sont des troubles nerveux caractérisés par une instabilité perpétuelle, une irritabilité excessive, la tristesse hypocondriaque, l’impuissance mentale, les idées de suicide, des vertiges, des sensations de faiblesse ou de défaillance, quelquefois de véritables crises syncopales. Ces désordres s’accompagnent d’autres manifestations morbides, de bouffées de chaleur au visage, de poussées congestives du côté du foie, des glandes mammaires et rénales.

L’administration, à la dose de quelques décigrammes par jour, d’une poudre obtenue en desséchant des ovaires de brebis suffit, dans beaucoup de cas, à faire disparaître ces conséquences de l’intervention chirurgicale. M. Jayle, en 1896, et beaucoup d’autres médecins ou chirurgiens depuis lors ont obtenu des résultats excellens de ce traitement. Il est encore utile, dans quelques cas, contre les troubles du retour d’âge, ou dans certaines affections spéciales au sexe féminin. On l’a préconisé enfin contre une redoutable affection, le ramollissement des os, l’ostéomalacie, qui semble rattachée par quelque lien à l’altération de la glande ovarienne : mais déjà, sur ce point, les controverses ne permettent plus de se faire une opinion nette. En résumé, l’opothérapie ovarienne peut rendre des services.

On n’en peut pas dire autant, avec assurance, du plus grand nombre des autres applications. A part l’opothérapie thyroïdienne qui est hors de conteste, tout le reste est sujet à discussion. Appliquée au traitement de l’obésité, la médication thyroïdienne a donné plus de déboires que de succès ; mais elle a produit des résultats avantageux dans les cas de goitre et de crétinisme, et elle s’est montrée d’une efficacité souveraine contre l’affection du myxœdème. Il est incontestable que le suc supplée l’organe déficient ou remédie à son insuffisance. Le suc pancréatique présente aussi une efficacité qui, au point de vue physiologique et expérimental, n’est pas douteuse.

Ces deux applications de la méthode, il faut le dire ici, sont bien près d’en avoir précédé la naissance. Préparées par des études d’un intérêt scientifique profond et d’une exécution irréprochable, amenées jusqu’au seuil de la pratique par des tentatives de greffe qui sont une forme de traitement équivalente à l’emploi des sucs, et peut-être plus rationnelle, on ne voit pas ce qu’elles doivent à l’opothérapie. On voit, au contraire, parfaitement ce que