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locomotrice, de la tuberculose, du cancer ; l’amélioration mentale des aliénés, la restauration de l’organisme épuisé, le relèvement des forces, la récupération de la santé, l’immunisation contre les infections diverses, la résurrection, la vie. D’autre part, il n’y a pas eu un cas favorable qu’un cas contraire n’ait contredit ; si bien que, rebuté de ces récits où un esprit scientifique ne trouve que des occasions de défiance, on est obligé d’éliminer les observations médicales ou cliniques et de se réfugier dans l’appréciation des résultats expérimentaux. Mais, là encore renaissent les controverses, lot fatal des expériences mal faites. Brown-Séquard annonce une résistance plus longue à la mort par hémorragie ; Grégorescu (de Bucarest), une augmentation de la vitesse de la conduction nerveuse ; Capriati, Zolh et Pregl, un accroissement de la force musculaire chez l’homme qui a reçu une injection de suc orchitique ; il semble bien, en fin de compte, que ce dernier effet soit le seul qui présente quelque constance ou quelque réalité.

Et maintenant, après tant d’années d’épreuves, peut-être sera-t-il permis de porter enfin un jugement sur cette tentative célèbre, — non pas sans doute sur les autres parties de la méthode que nous allons examiner dans un instant, mais sur celle même qui en a été le point de départ et qui a fourni à l’auteur les élémens de sa conviction, — les autres parties étant l’œuvre d’autres savans, œuvre déjà entièrement achevée ou presque achevée au moment où fut formulé le principe général de la méthode opothérapique. Ce verdict, parfaitement désintéressé, nous l’empruntons à la monographie écrite il y a quelques mois par MM. Gilbert et Carnot pour l’enseignement de la jeunesse médicale : « Après avoir été expérimentée ardemment, cette médication est à peu près abandonnée ; aucun l’ait nouveau, la concernant, n’a paru dans ces années dernières… L’exemple sur lequel Brown-Séquard avait fondé sa théorie était mal choisi. »


III

On ne trouverait peut-être pas d’autre exemple dans la science d’une doctrine qui, après avoir subi une si cruelle épreuve, n’en soit pas morte du coup. Et pourtant, l’échec de la médication séquardienne, prototype de l’opothérapie, qui était présentée par son auteur comme l’illustration, le garant, le modèle par excellence de la méthode, n’a pas entraîné la ruine totale de celle-ci.