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les ressources des pays où ils comptent acheter, sur les besoins des contrées où ils espèrent vendre, sur le crédit de la clientèle, sur le progrès ou le déclin des marchés, sur les frais ajoutés au coût, des objets par les taxes, entrées, droits, transports et sur les variations probables de ces charges, chaque erreur sera pour eux une certitude de perte. Il n’est guère d’industrie qui puisse être connue sans l’étude de plusieurs autres ; il n’en est pas qui se puisse raisonnablement entreprendre sans une première mise de certitudes sur les conditions du travail dans le monde entier ; et ces conditions sont liées aux plus mobiles des faits, au développement économique, au régime douanier, à l’état politique de chaque pays. Le négoce est l’une des professions qui exigent le plus d’universalité dans l’esprit, le plus d’abondance dans les informations, le plus de promptitude dans le coup d’œil, le plus de sûreté dans les jugemens ; et le succès ou l’insuccès de ces entreprises ne fait pas seulement la fortune ou la ruine de leurs auteurs, il contribue à la richesse ou à l’appauvrissement de la nation. Ceux qui tentent une carrière si difficile et d’une telle importance pour l’intérêt public ne sauraient donc être armés par une préparation trop complète. Outre les conditions nécessaires au succès des divers commerces et différentes selon chacun, toute marchandise est soumise à deux lois générales et permanentes : elle se répand à proportion que s’élève sa qualité et que s’abaisse son prix. Ces exigences contradictoires ne peuvent être conciliées, sinon par les ressources incessamment accrues de la mécanique, de la physique, de la chimie, et par l’habileté toujours perfectionnée de ceux qui exécutent les travaux. Le succès de la lutte commerciale exige donc que les hommes d’entreprise trouvent à leur disposition des hommes de science et des hommes de métier, et les plus aptes à leur tâche.

C’est cette préparation à la guerre, à la guerre de l’argent, que l’Allemagne veut et sait donner à son armée du travail. Et pour cette guerre, bien plus que pour l’autre, la victoire est due au maître d’école. L’enseignement commercial est, surtout le territoire, organisé dans les centres populeux, et offre par ses classes multiples, un savoir sagement inégal. De ceux qui, commis et comptables, bornent leur ambition à devenir les agens secondaires du commerce, à ceux qui méditent de conduire les plus importantes entreprises, chacun trouve là toutes les connaissances utiles à son dessein. L’Allemagne compte 365 écoles « commerciales » et ces