Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre que la France l’île d’Haïnan ; la concession renouvelée du chemin de fer du Yunnan ; enfin, la cession à bail emphytéotique de la baie de Kouang-tchéou-Wan, située sur la côte orientale de la presqu’île de Leï-tehéou qui s’avance en face de l’île d’Haïnan. En outre, le gouvernement chinois s’engageait à nommer un Français directeur général des postes. Ceci était une réponse à la promesse obtenue par l’Angleterre relativement au directeur général des douanes ; elle ne paraît guère avoir été heureuse : aucun directeur des postes n’a encore été nommé, et ce service reste encore annexé à celui des douanes, dont l’Anglais sir Robert Hart est et demeure le chef.

Des autres concessions par nous obtenues, il ne semble pas que l’Angleterre ou aucune autre puissance eût beaucoup à s’alarmer : Haïnan peut avoir quelque importance à notre point de vue, car nous ne saurions évidemment admettre l’installation d’autres que nous à l’entrée du golfe du Tonkin. Quant à la baie de Kouang-tchéou, mouillage passable, mais d’entrée difficile, elle n’étend pas notre sphère d’action, elle nous laisse confinés dans l’extrême Sud ; et ce n’est point-là assurément un de ces points stratégiques de première importance d’où nous puissions menacer la situation de nos rivaux dans les mers de Chine, et exercer une action sur un point vital du Céleste-Empire.

Autrement importantes étaient les cessions de territoire faites bientôt après à la Grande-Bretagne, en compensation de l’occupation des ports du Liao-toung par les Russes. Ce n’est pas que l’étendue en fût considérable : Weï-haï-Weï et une petite banlieue, dans le Chantoung ; mille kilomètres carrés dans la péninsule de Kowloun, en face de Hong-Kong ; le tout, bien entendu, loué pour 99 ans, suivant l’euphémisme à la mode. Seulement la valeur stratégique en était de premier ordre. Dans la presqu’île de Kowloun, où les Anglais n’avaient jusqu’à présent qu’une petite lisière dominée par les collines du territoire chinois, ils entraient en possession de toutes les hauteurs et de toutes les baies nécessaires pour mettre le port de Hong-Kong à l’abri de toute attaque et en permettre l’extension. D’autre part, Weï-haï-Weï leurdonnait ce qu’ils convoitaient depuis longtemps, un point d’appui naval dans le nord des mers de Chine : quand leur escadre sera occupée dans ces parages, elle n’aura plus besoin de faire une traversée de quatre ou cinq jours pour venir se ravitailler ou se mettre à l’abri à Hong-Kong. En outre, Weï-haï-Weï, que l’on se met en devoir